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févr. 22, 2009

Le livre des sables

…Je fus tour à tour rameur, marchand d’esclaves, bûcheron, détrousseur de caravanes, chanteur, sourcier, prospecteur de minerais. Je fus aux travaux forcés pendant un an dans des mines de mercure, où l’on perd ses dents. Je pris du service avec des hommes venus de Suède dans la garde de Mikligarthr. Au bord de la mer d’Azov, je fus aimé par une femme que je n’oublierai pas ; je la quittai, ou elle me quitta, ce qui revient au même. Je fus trahis et je trahis. Plus d‘une fois le destin  m’obligea à tuer. Un soldat grec me provoqua en duel et me fit choisir entre deux épées.  L’une avait un empan de plus que l’autre. Je compris qu’il cherchait à m’effrayer et je choisis la plus courte.  Il me demanda pourquoi. Je lui répondis que de mon poing à son cœur la distance était la même. Sur une rive de la mer noire se trouve l’épitaphe runique que je gravai pour mon compagnon Leif  Arnarson. J’ai combattu avec les hommes bleus de Serkland, les Sarrasins. Au cours du temps j’ai été plusieurs personnes, mais ce tourbillon ne fut qu’un long rêve. L’essentiel était la parole. Il m’arriva de douter d’elle…

Jorge Luis Borges, Le livre des sables

févr. 15, 2009

14 / Des duos de mots

Dans la famille "contraintes d'écriture automatique", je demande

VOs duos de mots

...comme ça, juste parce qu'un mot en génère un autre et qu'à deux c'est mieux (! ?)

1 - Ainsi listez des couples de mots à la terminaison similaire (comme ... les miels des arcs-en-ciel, les brouillards des rencards) et autant qu'il vous plaira...

2 - Proposez à vos enfants de passer un petit moment à élaborer leur liste.

3 - A déposer (signé) sur le blog de Matière à Mots (en cliquant sur commentaires ci-dessous).

 

Laissez-vous faire...

18:39

L'air libre

le chant des bêtes les cris des hommes

sous un bout de ciel rose que les nuages

ont épargné ce soir une cigarette a suffi à

me faire marcher de travers dehors je

songe au verbe suffire je me demande s’il

finira par s’user si je l’utilise trop je me

demande si tout s’use et quelle force il

faut déployer pour aller contre et si c’est

à cause de ça que les hommes crient

Albane Gellé, L’air libre

févr. 08, 2009

Terres des folles

Des femmes marchent.

Elles marchent contre la haine du monde à leur façon de femmes, silencieuses, les mains nues, patientes comme la mer, obstinées comme l’enfance. Souvent, elles tournent en rond, mais c’est aussi marcher. Et elles l’ont choisi.

Tourne la bête en cage, tourne le prisonnier dans sa cellule.

Mais tourne aussi le sang qui circule, tournent le soleil et la terre.

Tournent les enfants, monologues intérieurs ou prononcés, réel sou rêvés.

Des femmes chantent.

On entend la mer.

On entend gonfler un immense piétinement. L’empire des femmes s’accroît sans bruit.

Leur mouvement, infini au commencement, s’étend en tache d’huile, tout doux, irrésistible.

Laurence Cossé, Terre des folles

févr. 03, 2009

écho de la presqu'île, janvier 2009

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16:03 Publié dans historique / Un peu de presse

ouest france, septembre 2008

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16:01 Publié dans historique / Un peu de presse

ouest france, août 2008

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16:00 Publié dans historique / Un peu de presse

écho de la presqu'île, août 2008

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15:58 Publié dans historique / Un peu de presse

févr. 01, 2009

Des pas de crabe sur du jaune

…Elle disait : Pour ça, faut toujours être un peu attentif à eux, à ces souvenirs qu’on a dès qu’on commence, à ceux aussi qui viennent parce qu’on continue, tous ceux-là qui ne demandent qu’à entrer se faire une petite place dans notre boite à vivre ; et encore attentif à tous les autres, ceux qu’on a sans le savoir juste parce qu’ils se sont installés plus loin, dans de l’obscur. Alors disait-elle, si l’on fait ça assez longtemps, cette collection qui se dérange chaque jour et qu’on rerange chaque nuit, on finit par entendre sa propre musique. Et les autres l’entendent aussi. D’où vient que quelques uns vous font signe, vous approchent, quelquefois vous abordent, demandant si on pourrait pas faire de la musique ensemble. Par exemple inventer à deux un air inouï et le jouer, pourquoi pas puisque justement on a la main, et du jeu.

 

Philippe Longchamp, Des pas de crabe sur du jaune