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"Ecrire avec les mains", 2010, rdvS (particuliers)

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"Ecrire avec les mains", 2010, rdvS (particuliers)

ECRIRE AVEC LES MAINS


... Après décembre et une éventuelle vaccination, après décembre et ses paquets enrubannés, après décembre et des surprises sûrement, du bonheur peut-être… Pourquoi pas janvier pour se risquer à quelques énonciations inédites ... et tout simplement écrire... Un thème ? Oui. Ce qu'on fera, c'est qu'on écrira avec les mains....Oui ... Je sais avec les pieds c'est dur ! Mais véritablement, la proposition de cette rencontre est la suivante...

Explorer ce que le thème de "la main"peut produire de cheminement d'écritureS,

Construire ces textes que nous tenons entre nos mains,

Les mains n'auraient-elles pas leurs propres intentions ? Leurs propres mots ? ...







avec les mains






Je me souviens de ma main qui tâtait autour de moi, coincée sous les éboulis, dans la stupeur de me voir en si peu de temps enfermée sous les décombres de mon école, suffocant, ne pouvant bouger que mon bras. Je passais la main sur mon visage pour essuyer la poussière et mes pleurs. J’entendais des cris et des bruits autour de moi et j’ai crié à mon tour.

Depuis combien de temps étais-je là ? Je voulais revoir ma mère et son doux sourire, jouer à nouveau avec mes amies. J’avais mal, j’avais soif, j’avais peur. Je voulais que cette nuit finisse.

Et puis tout-à-coup, accompagnée de beaucoup de bruits parut une lumière, un jour se fit, accompagné de voix. Une voix se précisa, et une main que je n’oublierai jamais chercha mon visage pour me rassurer.

J’allais donc revoir le ciel.

Yvonne Simonet, janvier 2010




Il y a des mains

Il ya des mains calleuses d'ouvrier, qui mènent parfois de potelées mains d'enfant

Des mains d'argile, de paludier qui tirent l'or blanc des marais

Et puis des mains habiles à parsemer de pimprenelle de légères salades d'été

Et puis encore des mains qui tracent le ciel d'un geste

Mais aussi des mains baladeuses qui le déchirent brusquement

Des mains brutales qui font voler les certitudes

Il y a encore des mains expertes qui réparent

Des mains de mère qui réconfortent

Des mains tremblantes qui tâtonnent

Et des mains douces qui apaisent

Des mains brunes ou pâles

Des qui affrontent le ciment, les ronces ou bien le froid

Et d'autres qui s'usent en pages d'écriture

qui manient le chiffon ou la craie au tableau

Ces mains

on les oublie

Indispensables et silencieuses compagnes

de chaque instant de notre vie

Marie-Christine E, janvier 2010



Il y a des mains…

Il ya des mains fortes qui prient je ne sais quel dieu.

Il y a des mains qui restent à jamais ouvertes.

Il y a des mains que j’aime saisir, tenir, toucher.

Il y a des mains abîmées que l’on aime regarder vivre.

Il y a des mains tendues que l’on ne veut pas voir.

Il y a des mains qui pointent toujours le bout de leur nez.

Il y a des mains qu’il faut tenir à bout de bras.

Il y a des mains amoureuses qui s’accrochent, qui s’agrippent et que l’on ne peut détacher.

Il y a des mains douces qui frappent un grand coup.

Il y a des mains connaisseuses qui tremblent de peur.

Il y a des mains d’homme que j’aime entendre pianoter.

Carine. D, janvier 2010




Je me souviens de ta main sur le tissu rêche, le caressant, le tâtant, l’interrogeant. Dans le fond de cette pièce trop sombre, assise sur la chaise à bascule recouverte de tissu bleu vieilli, les genoux dans les mains, je vois les tiennes se mouvoir avec assurance. Le soleil de juin éclaire distraitement ton ouvrage à travers les vitres sales de ton atelier. Tes mains ridées, abîmées, saisissent le tissu, le taillent, le coupent, le mesurent. Tout s’empile et se croise. J’observe. J’entends les bruits des ciseaux qui claquent, qui incisent avec une précision hasardeuse. Puis le silence de tes mains qui assemblent les morceaux épars. Le doigt courbé, déformé, pousse inexorablement l’aiguille qui avance, patiente. Puis, tu te lèves, sans prévenir, posant délicatement l’ouvrage inachevé au milieu des morceaux de tissu effilochés. Tu me tends la main et me dit doucement : « Allons-nous promener ».

Carine. D, janvier 2010



En main

« Mais je n’ai que deux mains », soupirai-je, débordée.

Et pour preuve de regarder et montrer ma pauvre main gauche et impuissante...

Mais là, surprise... ou plutôt effroi !

Réalisation d’un secret désir de toute puissance... ?

Mes doigts s’étirent, s’étirent ; une main, deux mains, trois mains, quatre, cinq... en ont jailli ! Rêve ou cauchemar ?

Cinq mains, cinq pinces, cinq crochets, pour tout saisir, tout tenir, quel festin !

Cinq mains, vingt-cinq griffes pour se défendre et tenir en respect les plus téméraires !

Vingt-cinq griffes aussi pour se gratter le dos qui toujours vous chatouille,

traîtreusement, inacessiblement !

Vingt-cinq doigts pour caresser... Pensez-donc ! qui pourra y résister ?

Mais il y a cette main-pouce qui tourne fièrement le dos aux autres, écartelant le désir...

Et ces doigts, articulés, recourbés, s’agitant frénétiquement,

Gargouilles inquiétantes, sorcières ambulantes...

Trop de mains, trop de doigts !

Transgénisme, eugénisme ?

Et si cela ne cessait pas ? Cinq doigts, vingt-cinq, cent vingt-cinq, six-cent vingt-cinq...

Un claquement de doigts éloigna le fantasme.

Ah, ils ne sont que cinq ...

Annick. D, janvier 2010