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avril 25, 2013

Saphir Antalgos


Le rêve m’a donné son nom, j’ai pris ça pour une révélation. J’ai failli tomber dans le panneau des mots. Car c’est cela la révélation : le rêve est un panneau. Le rêve est le panneau souple, le voile qui se déploie et s’étend sur le dormeur. Et ensuite, par une opération que je ne m’explique pas : il l’imprime. Ce que le rêve a révélé, c’est l’impression qu’il laisse. C’est tout. Je le sais mai...ntenant. Je suis un papier buvard. Absorbant tout. Au matin je me retrouve tâchée, auréolée de couleurs étranges, inavouables. Jusqu’où la couleur a remonté jusqu’à moi dans cette pollution nocturne, comme on peut voir la marque brune du marc sur le filtre à café du matin, jusque là s’est aventuré le rêve dans la nuit. Seulement le pied parfois, mais souvent jusqu’aux cuisses, jusqu’au sexe, jusqu’au coeur je me suis imbibée. On peut tout lire de moi dans ces couleurs du rêve absorbées. Je suis un papier bavard…
 
Cécile Portier

avril 23, 2013

Jusqu’à Faulkner

J’ai postulé, tôt et à tort, que l’explication figurait en toutes lettres aux pages d’un livre que rien ne recommandait à l’attention. Jusqu’à ce que je parte, à dix-sept ans, j’ai eu l’espoir qu’un ouvrage au titre insolite me dirait la nature véritable du lieu où nous vivions, à quoi tenaient les tristesses, la détresse, parfois, qu’il dispensait, d’où venait enfin que ça nous échappât, qu’on eût besoin de lui –du livre- pour être fixé à ce sujet

La vie nous échappe, même à ceux qui croient l’avoir comprise et l’ont écrit. Ce qui se passe est partout et toujours imperméable à ce qu’on pense. Nous ne sommes pas de force. Nos existences, dans leur apparente évidence, sont une énigme qu’il ne fut jamais au pouvoir de personne de résoudre, nulle part.

Pierre Bergounioux