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sept. 23, 2011

Exil

Celui qui erre, à la mi-nuit, sur les galeries de pierre pour estimer les titres d'une belle comète ; celui qui veille, entre deux guerres, à la pureté des grandes lentilles de cristal ; celui qui s'est levé avant le jour pour curer les fontaines, et c'est la fin des grandes épidémies [.. .], celui qui peint l'amer au front des plus hauts caps, celui qui marque d'une croix blanche la face des récifs ; celui qui lave d'un lait pauvre les grandes casemates d'ombre au pied des sémaphores, et c'est un lieu de cinéraire et de gravats pour la délectation du sage ; celui qui prend logement, pour la saison des pluies, avec les gens de pilotage et de bornage - chez le gardien d'un temple mort à bout de péninsule (et c'est sur un éperon de pierre gris-bleu, ou sur la haute table de grès rouge) ; celui qu'enchaîne, sur les cartes, la course close des cyclones ; pour qui s'éclairent, aux nuits d'hiver, les grandes pistes sidérales ; ou qui démêle en songe bien d'autres lois de transhumance et de dérivation ; celui qui quête, à bout de sonde, l'argile rouge des grands fonds pour modeler la face de son rêve ; celui qui s'offre, dans les ports à compenser les boussoles pour la marine de plaisance [...], celui qui règle, en temps de crise, le gardiennage des hauts paquebots mis sous scellés, à la boucle d'un fleuve couleur d'iode, de purin [...], ceux-là sont princes de l'exil et n'ont que faire de mon chant.

Saint-John Perse

 

 

 

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