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janv. 18, 2010

La bouche de quelqu'un

Chaque jour de nouvelles noisettes tombent.

Je ne marche plus pareil, je m’accroupis.

Le temps qui passe ne touche pas par terre. Moi si. Triant les fruits

des débris variés, ma solitude s’emplit de modestie. J’ai déjà été petite.

Le besoin qu’on a de se nourrir.

En réalité je n’ai pas faim, bien sûr.

Chaque noisette que je tiens, m’avançant tout bas, n’a pas

appartenu à un chapelet, même jeté et brisé. Tu me refuses ta présence

pour que j’apprenne à ne plus attendre. Je les ramasse sans me dépêcher,

me montrant à moi-même comment je t’aime aujourd’hui et peut-être

nous nous aimons. Le menton sur les genoux, j’oublie de vieillir. Je suis

attentive.

Il y a quelques jours tes soupirs pendant que je caressais les bouts

de tes seins, émotion pas si minuscule, très longue même. Entre tes

jambes, suite du paysage, tu bandais avec patience. Je vais encore

demander si c’est un poème, mais je ne demande plus si je t’aime.

 

Ariane Dreyfus

 

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