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sept. 09, 2009

Journal Intime d’un marchand de canons

Je me suis toujours beaucoup préoccupé du degré de romanesque de ma vie. La plupart de mes homologues diront qu’ils se sont retrouvés à vendre des armes un peu par hasard : pas moi. J’ai spécifiquement choisi ce métier dès ma sortie d’école de commerce parce qu’il permet, voire encourage, l’inattendu, le hors-norme, le spectaculaire. Faisant le pied de grue dans l’antichambre surchargée d’une résidence moyen-orientale, un catalogue de missiles à la main, je me félicitais secrètement de la coïncidence presque parfaite entre ma situation et une scène des romans d’espionnage que je dévorais avec ferveur. Si les portes richement ornées de la salle finissaient par s’ouvrir sur un salon tapageur occupé par des militaires ombrageux et des cheikhs ventripotents, je jubilais. Si elles ne découvraient en revanche qu’une salle de réunion occupée par trois jeunes fonctionnaires en costume, j’avais du mal à cacher ma déception et ne pouvais m’empêcher, tout en récitant avec conviction mon argumentaire commercial, d’espérer que la conversation prendrait un tour moins convenu (demande de pots-de-vin, complot, opérations illégales : les possibilités ne manquent pas, tout de même !).

Philippe Vasset

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