sept. 08, 2009
Histoire de la chauve-souris
Plus tard j’entre dans une longue rue où les tours sont des lettres majuscules, les portes et es fenêtres des lettres minuscules, où les arbres, les bancs, les enseignes, les feux de signalisation sont des points d’interrogation. Je m’avance en essayant de lire et soudain m’aperçoit avec horreur que derrière chaque lettre, petite ou grande, il y a un homme qui s’agite comme un guerrier sur son destrier et tape à coup de lance sur ses voisins, essayant de faire tomber leurs lettres ou leurs signes, et poussant les siens à la place sitôt qu’il a réussi. Les lettres glissent, tombent, se relèvent, se remplacent, la rue bouge sans arrêt. Je m’étonne du labeur acharné de ces hommes, car il est bien évident que ce mouvement perpétuel ne favorise par une lecture suivie, l’interdit même tout à fait. Bientôt les colonnes mouvantes avec leurs traces noires qui sautent me donnent le vertige et je m’éloigne en fermant les yeux.
Pierrette Fleutiaux
14:56 Publié dans LITTERATURE / Anthologie de Corinne Le Lepvrier
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