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oct. 31, 2008

(novembre 2008-mars 2009)

textes issus des rdv bimensuels

 

 

Présence en l’absence ; « Traces d’huile dans la maroquinerie »

Ne plus faire de cauchemars, passer enfin des nuits sereines, vivre, vivre mon projet mûri depuis tant d’années, est-ce encore possible ? Depuis cet événement terrible, je ne sais. Mais ce matin, les merveilleux sacs en cuir sont là, si bien présentés sur mon étal de marché, leur présence me rassure. Et me rassure aussi, l’absence de mon voisin. Mon voisin le rôtisseur, dont l’huile crépite et jaillit sur mes cuirs, des traces d’huile dans la maroquinerie : Mon cauchemar ultime.

Brigitte. H, mars 2009

 

Haïkus

 

Monsieur michelin

N’a pas le cerveau d’un fou

Il crée de bons pneus

 

Les traces de mes pneus

Restent comme les vestiges du jour

Dans un cerveau fou

 

Pourquoi cette phrase

Sans folie dans le cerveau

Tu n’y arrives pas

Brigitte. H, mars 2009


Haikus

 

Trace de la vérité

Mémoire interdite

Vérité tronquée

 

Trace de l’humanité

Mots de la cruauté

Discours de despotes

 

Jacotte. V, février 2009

 

La trace indélébile de ton enfance tumultueuse dans ta vie d’adulte, la trace de tes rides sur ton visage radieux, la trace des marques de doigts bien grasses sur les vitres illuminées de soleil, la trace de la monarchie dans la vie politique d’aujourd’hui, la trace des origines dans la viande de porc, la trace de ton couteau suisse dans la poche avant de ton jean serré, la trace de mon incommensurable culpabilité dans l’éducation de mes enfants, la trace des mauvais souvenirs de la chute dans ma démarche déhanchée, la trace du chocolat sur le coin des lèvres de l’enfant étonné.

 

Jacotte. V, février 2009

 

 



Des milliers d’hectares pour des milliards de machines tonitruantes qui labourent le sol. Un paysage pittoresque et immense rayé de part et d’autres par le passage incessant des trains. Un ciel, bleu infini, en voûte, tel une coupole protectrice, rayée, découpée d’un bout d’horizon à l’autre par le balai imperturbable des avions. Une mer calme, mystérieuse, froissée, déchirée par le passage de lourds pétroliers.Et si un ange vient à passer, il s’arrête net, se stoppe, se pétrifie. Il commence par toussoter, puis de cette toux grasse se sèche, elle lui racle la gorge jusqu’à lui brûler le cœur. A force de traces de pneus sur le gibier, de traces de nitrile carbonique ou sulfurique sur les neiges éternelles du Kilimandjaro, de traces d’insecticides dans nos estomacs, de traces de mercure dans nos rivières et notre eau, de plomb dans les ailes de nos anges, tous, toussent, s’arrêtent et se meurent sur les branches nues. Et force est de constater que la présence de ces corps lourds sur le sol en l’absence d’humanité n’empêche en rien la frénésie de nos délires consuméristes.
Samuel. B, février 2009


Haikus


la mère n’est plus

mon regard en trace

une fenêtre sur toi

 

les regrets bleutés

contre ton torse

pleurer la trace

 

la foudre de l’âge

sous les pores de ma peau

la trace de nos enfants

 

ta présence

au creux de mes reins

la vie se trace

 

écrire le temps

ce qu’il reste

tracer une lecture

Corinne. LL, février 2009




la trace indélébile du chewing-gum sur le rebord béton de la fenêtre
la trace de la lanière de cuir dans le désert brulant de tes cuisses
la trace de l'homme dans l'immensité du désert blanc
la trace juste perceptible du pied dans le sable à marée montante
la trace du temps sur mon visage rougi par les larmes

Pascale. L, février 2009



la trace, on la garde, on l’écrit, la dessine, on la regarde, on ne l’oublie pas, on la montre, on en parle, on l’analyse, on l’aime bien, on la prend en photo ou dans ses bras, on la divulgue, on la nettoie, on l’éradique, on la fait disparaître ! On la cache, on la camoufle, on l’accompagne de la trace de nos pas, on lui trace un trait autour, on la délimite, on la protège, on la jette aux oubliettes, on s’assoie dessus, on psychote dessus, on se demande d’où elle vient, on la mange, on la boit, on marche dessus (du pied gauche de préférence)


Samuel, février 2009


Haikus

le rouge de tes lèvres
dans le noir de mon sang
trace le temps de mes larmes

l'abandon du temps
sur le visage rougi
trace les larmes amères

pétales de douceur
vestige du temps
de nos amours passés

 

Pascale. L, février 2009




Des cadavres exquis

 

Dans une mare, à l’heure de midi, un petit garçon tout mignon, se gratte savoureusement et langoureusement entre les deux orteils du pied gauche. Il est dubitatif.

Un jeune homme chauve :

- « Alors c’est quand que tu vas te mettre au régime ?

- Je peux te porter mais tu dois descendre du tapis ! »

 


Sur un bout de papier, alors que ma sœur a débarqué, une vieille femme ridée, se prélasse au soleil en regardant le ciel. Elle est très impressionnée.

La femme aux allures longilignes :

- « Mais quand m’offriras-tu des fleurs ?

- Cela n’est plus possible entre nous »

 


Sur la place Djamelefna, lorsque je buvais le thé, le bigre de bourru de baryton, s’adonne à une activité d’écriture avec un groupe. Il est très fier. Un homme grand au visage sombre :

- « S’il te plait, emmène-moi sur ton dos.

- Mais bien sûr et pourquoi pas noël au balcon ! »

 


Sur un tapis volant, une fois le linge humide pendu au fil, une voisine du fleuriste, mâche un chewing-gum le regard vide. Elle éprouve une douce et sereine béatitude.

La girafe d’Adélaïde :

- « Mais où est donc Or Ni Car ?

- Mais tu m’emmerdes ! »

 


Tout près du portail de chez Isa, aux douze coups de minuit, un éléphant avec la trompe en haut, survole les dunes du Pilat. Il rit aux éclats plié en quatre puis en huit.

Je  m’approche de lui :

- « Mais arrête de frimer !

- Ah ça ne va pas recommencer !!! A chaque fois que je te vois, c’est quand même bizarre, tu dis la même chose !!! Tu radotes ou quoi ? »

 

Corinne. LL, Irène. H, Isa. A, Jacotte. V, Samuel. V, janvier 2009





à la manière de « l’écho du corps » de GHERASIM LUCA


entre la nuit de ton nu et le jour de tes joues

entre les articulations de tes peurs et le jeu de tes désirs

entre le temps de tes tempes et l'espace de ton esprit

entre la nuit de tes recherches et le jour de tes yeux

entre le bas de tes bras et le haut de tes os

entre le gris de tes cheveux et le noir de tes yeux

entre les raies de ta rétine et le riz de ton iris

entre les délices de nos nuits et la délicatesse de ton geste

entre le vent de ton ventre et les nuages de ton nu

entre la longueur de tes doigts agiles

entre la scie de tes cils et le bois de tes doigts

entre les étoiles nous voyageons en extase

entre le pois de tes poils et la poix de ta poitrine

entre le scintillement de tes yeux et l’appui de ton regard

entre les pôles de tes épaules et le sud-est de ta sueur

entre la générosité de ton âme et la vivacité de ton esprit

entre le nez de tes nerfs et les fées de tes fesses

entre la longueur de ton buste et les chevilles de tes mains

entre l'eau de ta peau et le seau de tes os

entre les notes de musique de ta joue et les portées de tes veines

entre le seing de tes seins et les seins de tes mains

entre le song de ta poupée et ma poupée de son

entre la source de tes sourcils et le but de ton buste

entre les courbes de tes hanches et la chute de tes reins

entre la muse de tes muscles et la méduse de ton médius

entre les parties nonchalantes et retombantes de tes tempes

entre le tain de ton talon et le ton de ton menton

entre les nervures de tes rides et l’éphéméride de tes nerfs

Corinne. LL, Irène. H ,Isa. A, Jacotte.V, Samuel. V, janvier 2009



 

Un staflizu ou l’invention d’un mot et de sa définition

Manimu (manimy) : nom peu commun, f. ou m. au gré des dictionnaires, mot très peu usité dans aucune langue et sous aucun prétexte. Il sert le plus souvent à ne rien dire et exprime ainsi le désarroi de son usager, le non-sens d’un vide lacunaire qui n’existe pas. Autrement dit ce terme explique clairement qu’il est impossible de prouver la non-existence d’un fait, d’une idée ou d’une chose et si on y arrive alors on a prouvé que cette chose existe bel et bien. Finalement on a toujours pas prouvé sa non-existence mais ce penseur vient de faire usage du manimu, c’est à dire qu’il a prouvé qu’une chose existe en recherchant une explication quant à son existence. Car en fin de compte pour ne pas exister, il faut avoir existé. Nous pourrons  ainsi trouver l’usage fréquent du manimu chez nombre de nos politiciens, stars médiatiques, qui pratiquent ostensiblement l’art du manimu avec brio. Est manimu, le leurre qui subsiste même quand on sait que l’objet supposé n’existe pas. Kant.  CONTR. : logique. SYN.: illusion.

Samuel. B, janvier 2009

 

Pagyrum : Nom masculin latin. La modalité permettant de s’éloigner de ses proches. Issu de la contraction de pag et yrum. Pag comme diminutif de pagaie. Yrum vient de l’ancien perse probablement en lien avec l’idée de famille.

Corinne. LL, janvier 2009

 

Riprêter : verbe du 1er groupe. Action de donner à manger à une personne sous alimentée dans l’espoir que cette action soit rémunérée ultérieurement. Exemple : "j’ai riprêté 300000 tonnes de lait en poudre aux enfants du Sahel en 2008" dixit le président de Nestlé.

Jacotte. V, janvier 2009




Les bonnes résolutions (pour 2009)…


celles d’une vache
En 2009, la vache troque ses tâches noires contre des roses. Fini, les temps lâches qui fâchent, sortons la hache de guerre. La vache se fâche d’avoir gâché tant de temps cachée sous cette bâche. En 2009, la vache ne mâche plus ses mots.

Samuel. V, janvier 2009


celles d’un hamac

Surtout ne pas s’énerver

Quand le vent forcit

Rester calme,

Prêt à accueillir l’hôte de passage

Ou la maîtresse de maison

Et puis, surtout ne pas craquer

Même si la fatigue me guette

Et démange mon squelette

En toute situation

Se maîtriser totalement

Et entretenir de bonnes relations

Avec ses compagnons

Irène. H,, janvier 2009

 

celles d’un verre

Décider des contenus acceptables

Arrêtez  de se prendre la tête sur la question du moitié vide et du moitié plein

Dire non aux énergumènes irrespectueux

Réaffirmer mon désir de vins

Refuser systématiquement le procédé du cul sec

Retrouvez le plaisir de l’attouchement des lèvres

Corinne. LL, janvier 2009


celles d’un éléphant

Je commencerai un élevage de souris

Je me mettrai au régime

Je garderai toujours la trompe haute

Je ne crotterai pas inopinément des tonnes de crottes

J’arrêterai de barrir et de hurler plus fort que les autres

Je serai plus méticuleux quand j'entrerai dans un magasin de porcelaine

Je m'appliquerai plusieurs heures sur ma console DS pour développer ma mémoire

J’arrêterai d'utiliser le shampoing à la boue

je ne m'assoirai plus sur le capot des voitures de touristes suréquipées en matériel photographique

je ne prendrai plus la mouche pour foncer sans réfléchir

Jacotte. V, janvier 2009

 




à la manière de Pierre Albert Birot

"Poème d’admiration"

 

J’ai été devant les vagues verticales

Et j’ai dit c’est admirable

 

J’ai été devant quelques enfants

Et j’ai dit c’est admirable

 

J’ai été devant la baie

Et j’ai dit c’est admirable

 

J’ai été devant l’éléphant

Et j’ai dit c’est admirable

 

J’ai été devant au loin derrière le monde

Et j’ai dit c’est admirable

 

J’ai été devant loin devant dans l’imaginaire

Et j’ai dit c’est admirable

 

J’ai été devant le sage

Et j’ai dit c’est admirable

 

J’ai été devant les portes du paradis

Et j’ai dit c’est admirable

 

Parce que j’ai regardé

 

Irène. H, Jacquotte.V, Pascale. L, Corinne. LL, Samuel. B, novembre 2008

 


 

Pendant que nous écrivions…

aucun sextant n'a servi à aucun voyageur maritime, un million de parapluies se sont ouverts en région bretonne, 10000 rochers ont déboulés, un milliard 493 millions 241 milles 793 cacahuètes ont été broyées par des molaires et ingérées précipitamment, 2 millions d'oranges ont traversées l'océan atlantique, 10 mille milliards de feuilles rougies de vieux et nobles chênes ont quitté respectivement leurs arbre natal pour reposer au sol de l'hémisphère nord, la rosée disséminée sur 99000 toiles d'araignées a réfléchi la lumière du soleil levant deux ou trois fuseaux horaires en arrière au notre, 10800 trous ont été creusés, les montagnes ont progressé de deux centimètres, un tas de sable a servi à reboucher trois trous béants, 3 géologues se sont égarés dans le dédale des tunnels souterrains et ont débouché sur les dits trois trous pour respirer à l'air libre, aucune pépite d'or n'a été trouvée, un seule personne s'en soucie, 7 milliards de dollars se sont envolés dans la cyber-nature, les trois trous ne sont pas encore rebouchés, un accord de paix est en cours de négociation, 9 déclarations de guerre ont été signées et décidées bilatéralement, 4 sdf retrouvés morts, les trois trous sont rebouchés, il faut en creuser un autre, 4 millions de kilowatt dépensés par des téléviseurs en veille, une bonne et une mauvaise nouvelle, 3 milliards de sourires pour toi mon seul et unique amour, 99000 litres de larmes, une pincée de sel et 2 tonnes de lipides, 2 milliards de promesses, aucune qui ne tienne la route, toujours trop d'esclaves, pas un geste, une esquisse, un seul paradis, 9 millions de sacs plastique qui volent au vent, 99 millions de spots publicitaires, un idéal, 99 milles coups de klaxons intempestifs, un froid corrosif...et un point final.

Samuel. B, novembre 2008





Pendant que nous écrivions…

un chasseur a tiré sur deux sangliers, une abeille a fabriqué 500 grammes de miel et 300 autres sont mortes à cause des pesticides, un vol de 1000 oiseaux migrateurs est passé au dessus du lac et le marécage recule peu à peu, les usines ont rejetées 40 000 t onnes de résidus polluants et les champs ont diminué de moitié autour du village, 3 baleines sont mortes sous les coups de harpons et 10 000 poissons ont été intoxiqués.

Irène. H, novembre 2008



terre1.jpg

à partir du "quadriptyque" de photos

 

Terre qui roule. Tout petit déjà, l'homme s'approprie la terre, non pas cette bonne vieille terre mais sa représentation : le ballon, objet magique, que l'on peut serrer contre soi, qui rassure, mais qui s'échappe, roule, boule, n'appartient qu'à celui qui le rattrape. Plus futées les fillettes le domptent avec un bâton, le dirigent, le ralentissent, mais le cerceau refuse d'abdiquer et prend son envol, roule boule et fait de la résistance. Alors l'homme réfléchit, murit, tel hercule, le porte sur son épaule croyant

apprivoiser ce symbole de la vie, mais aussi tôt fait la sphère, roule, boule et ne se laisse pas faire ! La vieillesse, âge de raison, s'il en faut, limite de l'âge plutôt, repousse la boule, roule ! boule ! Témoin de notre éphémérité.

Pascale. L, novembre 2008

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Elle tourne, elle est ronde, elle tourne épousant les contours du corps

C’est une danse, un duo, l’homme, l’enfant, jouent avec elle

L’un s’appuie sur l’autre, se confondent, ne font plus qu’un

Ils se tiennent, ne peuvent plus se lâcher pris dans cette unité

Cette sorte de fusion

Puis, le détachement vient briser cette illusion

Ils se séparent l

La terre s’éloigne

La balle repart

S’est appuyée sur l’homme

Pour prendre un nouvel élan

Un autre départ

Pour une nouvelle rencontre.

Irène. H, novembre 2008

 

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Porter le monde de notre ceinture noire et large, en supporter la totalité dans l’envergure de nos bras déployés quand les autres hommes regardent et que notre tête se penche tout contre lui.

Hier avoir montré ses dents de lait devant le platane et avoir souri parce que l’on portait dans la paume de ses mains cette masse de terre à pois blanc.

Un jour un grand coup de pied dans la boule, petite, faite de fer et continuer à trimbaler son sac, l’amener un peu plus loin là où l’on n’ira pas.

Si la boule est vide et creuse tel un cerceau, il y aura la préoccupation de la faire tourner avant que de disparaître avec elle.

Corinne. LL, novembre 2008

 


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L’homme a le dos rond, il porte et supporte une boule, un boulet

Il attend qu’on l’acclame pour cet effort surhumain

Il sait bien lui comment c’est dur de ne pas la faire tomber.

Il y met tout son cœur et il attend, rien !!!

Et, il se rappelle que déjà tout petit,

L’enfant au sourire enjôleur tient sa boule près de lui.

Elle est grande tellement grande pour ses petits bras,

Et il est fier de se sentir si fort ;

Le regard des autres le réconforte, il a réussi.

Mamie est bien seule aujourd’hui,

Elle y va d’un bon pas, tiens un petit ballon là tout près,

Si près de son pied qu’elle se décide.

Elle shoote dedans, la boule roule, roule.

Roule le ballon qui redonne du baume au cœur.

Le cerceau rond,  roule guidé à la baguette par l’enfant aux pieds nus.

Roule, roule au loin, si loin que l’on oubli la faim.

Jacquotte. V, novembre 2008





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