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juin 30, 2011

Le boucher

La lame s'enfonça en douceur dans le muscle, puis le parcourut en souplesse d'un bout à l'autre. Le geste était parfaitement maitrisé. La tranche tomba en fléchissant mollement sur le billot. La viande noire luisait, ravivée par l'attouchement du couteau. Le boucher posa sa main gauche à plat sur l'entrecôte large et de la droite tailla à nouveau dans l'épaisseur. Je sentis sous ma propre paume la masse froide et élastique. Je vis le couteau entrer dans la chair morte et consistante, l'ouvrir comme une plaie radieuse. L'acier glissa le long du relief sombre ; la lame et la paroi brillèrent. Le boucher souleva les tranches l'une après l'autre, les posa côte à côte sur le billot. Elles retombèrent avec un bruit mat -comme un baiser contre le bois.

Alina Reyes

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