juil. 19, 2010
Le minotaure ou La halte d’Oran
Il n’y a plus de déserts. Il n’y a plus d’iles. Le besoin pourtant s’en fait sentir. Pour comprendre un moment le monde, il faut parfois se détourner ; pour mieux servir les hommes, les tenir un moment à distance. Mais où trouver la solitude nécessaire à la force, la longue respiration où l’esprit se rassemble et le courage se mesure ? Il reste les grandes villes. Simplement, il y faut encore des conditions.
Les villes que l’Europe nous offre sont trop pleines des rumeurs du passé. Une oreille exercée peut y percevoir des bruits d’ailes, une palpitation d’âmes. On y sent le vertige des siècles, des révolutions, de la gloire. On s’y souvient que l’Occident s’est forgé dans les clameurs. Cela ne fait pas assez de silence.
Albert Camus
14:01 Publié dans LITTERATURE / Anthologie de Corinne Le Lepvrier