févr. 26, 2010
La barricade du cygne
Je ne me suis pas suicidée. L'eau a monté, monté. Et je me suis noyée. Maintenant je suis morte. J'ai des pétales dans les cheveux. Toute petite, déjà, j'aimais les fleurs. Je les mangeais dans le jardin. Mon grand-père me laissait faire. Il me disait : pas les jaunes. Les fleurs jaunes rendent malade. Elles tuent même quelquefois. En ce temps-là, j'aimais Martin. Il était plus vieux que moi. C'était le fils du boucher. Sa peau sentait la viande. Il était beau comme une fille. Il avait des cils de fille. Ses yeux étaient cruels. Il n'aimait pas son père. Il disait : un jour, le le saignerai. Comme un porc. Avec mon couteau préféré. Et je boirai son sang. Dans le jardin de mon grand-père, il y avait un arbre...
Hubert Haddad
15:40 Publié dans LITTERATURE / Anthologie de Corinne Le Lepvrier
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