janv. 17, 2010
Les nourritures terrestres, insomnies
Il y a des nuits où l'on ne pouvait pas s'endormir. Il y avait de grandes attentes -des attentes on ne savait souvent pas de quoi- sur le lit où je cherchais en vain le sommeil, les membres fatigués et comme déjetés par l'amour. Et parfois je cherchais, par delà de la chair, comme une seconde volupté plus cachée.
...
Ma soif augmentait d'heure en heure à mesure que je buvais. A la fin elle devint si véhémente, que j'en aurais pleuré de désir.
...
Mes sens étaient usés jusqu'à la transparence, et quand je descendis au matin vers la ville, l'azur du ciel entra en moi.
...
Les dents horriblement agacées d'arracher les peaux de mes lèvres et comme toutes usées du bout. Et les tempes rentrées comme par une succion intérieure. L'odeur des champs d'oignons en fleurs, pour un rien m'aurait fait vomir.
André Gide
15:08 Publié dans LITTERATURE / Anthologie de Corinne Le Lepvrier
Les commentaires sont fermés.