mars 15, 2009
Pitiés
…les deux coudes plantés sur le bord de la table, de ses paumes il soutient son menton comme si sa tête était trop lourde, trop lourde de pensées, ce qui est vrai encore que ce ne soit pas des pensées mais des choses flottantes, des bouts de phrases et d‘idées fixes qui tournent et s’associent, se défont et reviennent, on connait ça, ruminations, et sans qu’il soit fou, non sans qu’il soit ce qu’on appelle fou, ou bien alors ni plus ni moins que beaucoup d’autres qui se lèvent à heure dite, vont au travail, rentrent et se couchent, ainsi de suite, sans que pourtant non plus s’arrête la moulinette dans leur tête, il a dans la main droite une télécommande, et la télévision trône là-haut sur le frigo dans le coin gauche et non pas face à lui car face à lui se trouve la fenêtre sans rideaux, fermées pour cause de chaleur et qui affiche un ciel d’après-midi de juin très bleu, trop même que c’en est un scandale, si ce n’était au moins un nuage aux allures de dragon, mais il ne le voit pas, pas plus qu’il ne voit le ciel bleu à travers les carreaux…
Pitiés, Philippe Raulet
21:52 Publié dans LITTERATURE / Anthologie de Corinne Le Lepvrier
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