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"Vers un nouveau monde"
Jamais sortie.
Toujours enfermée.
Les ténèbres.
Le silence.
Rien.
Un cerveau qui éclate.
Qui voudrait comprendre.
Qui se cogne aux parois de sa prison.
Des grognements.
Tout casser autour de soi.
Les présences.
Incompréhensibles.
Qui touchent arbitrairement.
Qui agressent.
Les choses qu'on touche, qu'on reconnait en y posant les mains. Qui deviennent familières. Comme un ordre dans le chaos.
Une nouvelle présence.
Plus pressante.
Plus autoritaire.
Révolte.
Des doigts qui tracent un dessin dans les lignes de la main.
Toujours le même.
Inlassablement.
Une main qui guide son poignet sous quelque chose de froid, qui coule.
Des jours durant.
Inlassablement.
Et un jour...
Subitement, le déclic.
Elle a reconnu le « signe ».
Les choses ont un nom.
La main de la présence a tracé dans sa paume des jours durant, inlassablement, le mot « eau ».
Les choses ont un nom. Elle va se les approprier. Le monde s'ouvre, le monde est à elle.
Et elle court, follement, les bras grands ouverts, elle court de l'arbre à la maison, du mur à la fontaine. Elle veut tout connaître, tout posséder. Elle court, elle touche, et, dans sa paume, les signes.
Les choses ont un nom. Elle est enfin sortie, le monde est à elle, la vie commence.
Les mots. Connaître. Découvrir. Etudier. Parler aux autres. Aimer.
Toute sa vie, Helen Keller se souviendra de ce jour là.
Et le monde devint de plus en plus compliqué, parfois décevant, toujours difficile, mais il était à elle.
Et tous les usagers de la bibliothèque connaissaient cette vieille dame sourde, muette et aveugle, mais qui savait tant de choses et les transmettait si bien. Elle apprit qu'il existe des conquêtes amères, mais ce n'était pas son cas. Pour elle, chaque jour était un miracle.
Eve Marie. E, mai 2010
"Texte sur le Départ"
Très loin en Asie, une plage, il y a 35 ans.
Ils partent, la guerre a tout détruit, elle a tué, les vainqueurs arrivent, la haine bouillonne, ils n’ont plus rien, mais sont riches d’une famille encore entière.
Le père, la mère, les 3 enfants, les grands-parents, la mère est enceinte,
Ils marchent,
Chacun une petite valise ou un baluchon à la main,
Ils courent,
Au loin on entend des grondements,
Ils courent,
D’autres les rejoignent,
Ensemble ils courent,
Le bateau est là, il attend,
Ils courent vers l’eau,
La mer est calme, elle est chaude, le soleil est haut dans le ciel, au loin toujours des grondements,
Ils courent dans l’eau,
Pataugent jusqu’au bateau, sont hissés sur le pont,
ils vont partir,
ils n’ont plus rien,
leur pays n’existe plus, ils sont partis,
leur vie ici est terminée.
Brigitte. H, mai 2010
"Prendre le temps, réveil ailleurs"
Une ville, une gare, prendre un train de nuit au hasard. S’installer sur une couchette étroite, éclairs des lumières extérieures entrevues par la fente du rideau, allées et venues dans le couloir, arrêts, bruits de conversations devinées dans le sommeil éveillé, roulement du train, encore et encore. Lumière grise, un autre jour est là,
Au prochain arrêt je descends, combien de kilomètres, combien de pays traversés dans la nuit, où suis-je arrivée, fera-t-il chaud, fera-t-il froid, quelle langue inconnue, quelle humanité, quelles odeurs ?
Rêve d’un voyage au hasard.
Brigitte.H, mai 2010