Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

"Reves", 2011, rdvS (particuliers)

Quelques productions

Quelques productions

Le rêve que j’ai fait

Cette nuit j’ai fait un drôle de rêve
Un rêve de soie
J’ai senti un souffle
Comme un émoi

Je suis sortie, telle Eve
Voir la Loire
Et j’ai rencontre la misère
J’ai vu leurs lois mollir

J’ai vu des mères
Se courbant,
Et lavant dans le soir
Qui coule et s’écoule

J’ai vu un oiseau
Assis dans la vallée
Humant l’ail
Et volant vers une île

J’ai vu dans la ville
Et je fus 5000
Dès l’arrivée au port
Qui porte vers la mer

J’ai vu un railleur velu
Sur une valise
J’ai vu de mes yeux une voie
Où glisse un oiseleur

Cette nuit j’ai fait un drôle de rêve
Un rêve avec vue
J’ai senti un iule
Comme un leurre

Brigitte Hachin
Octobre 2010

Le rêve que j'ai fait



Cette nuit j'ai fait un drôle de rêve
Un rêve railleur et moqueur
J'ai senti que je perdais pied
Comme un vieux radeau mal ficelé

Je suis parti à la voile sur une île
Voir la vieille misère velue
Et j'ai rencontré sur cette île, quarante pâtissiers ventrus
J'ai vu leurs toques bien lavées

J'ai vu des mères et des sœurs
Se murmurant d'anciens émois
Et lavant une vile rancœur
Qui coule encore au creux du soir

J'ai vu des chevaux arthritiques
Assis au fond d'une vallée
Humant la mer aux fils de soie
Et se partageant des meringues

J'ai vu dans leurs yeux trente villes
Et je fus bientôt rejeté
Des lieux de leur triste assemblée
Qui porte comme leurs mors mille lois

J'ai vu Eve comme je te vois
Sur une valise, aux abois
J'ai vu de mes yeux cet état
Où glisse l'homme sans fracas

Cette nuit j'ai fait un drôle de rêve
Un rêve railleur et moqueur
J'ai senti que je revenais
Comme un nageur sur le rivage

Marie Evin
Octobre 2010

Le rêve que j'ai fait

Cette nuit j’ai fait un drôle de rêve
Un rêve, une trêve dans l’oubli
J’ai senti ce matin l’effervescence d’une utopie
Comme un château en Espagne à demeure sur la grève

Je suis le nègre d’un dramaturge
Voir, écrire les fantasmes paradoxaux d’un démiurge
Et j’ai rencontré l’inconscient inaltérable, mastoc comme un zébu.
J’ai vu leurs yeux jaunes, leurs masses noires, leurs cornes biscornues

J’ai vu des nuages lissés par le vent, se désagrégeant du rouge, jaune au blanc incandescent
Se lovant les uns contre les autres, s’effaçant, s’accumulant, tourbillonnant
Et lavant les sols arides et volcaniques, des traces du troupeau
Qui coule, ruisselant lentement vers le bas de l’horizon en oripeau

J’ai vu des cigales, vert-pommes, fraîches, bondir, légères, aux pattes ciselées
Assis, je gouttais, j’aspirais un vent rafraîchi par l’ombre de mes cils
Humant cette atmosphère aux ardeurs cybernétique, tempérance originelle
Et électrique, clinquante et cliquetante qui dans un clic, éjacula un champignon atomique.

J’ai vu dans le lointain, un homme et une femme sous une ombrelle
Et je fus cette glace crémeuse épousant sa lèvre, me diluant sous sa langue
Des strass en désastre, la trace de pas d’un homme sur la poitrine
Qui porte le rythme du vacarme vibrillonnant de milles éclairs

J’ai vu du plafond ouvert, des dollars fouettés par le vent de nos ardeurs
Sur le sol des mains appuyées à l’asphalte, toujours des dos courbés entassés
J’ai vu de mes yeux un soleil qui s’incline sous nos facéties à la santé du feu
Où glisse dans l’urne de nos égouts les voix lactées et nimbées de silence.

Cette nuit j’ai fait un drôle de rêve, déstabilisateur, imitant le grondement du troupeau
Un rêve taciturne, sourd comme la colère d’un éclair avant le percuteur
J’ai senti un rêve où rien ne bouge du réel
Comme un espoir engoncé dans mes draps, je poursuis un rêve.
S. Beillois Octobre 2010

Le Rêve que j'ai fait

Cette nuit, j'ai fait un drôle de rêve,
Un rêve de diamant dans la mangrove.
J'ai vu sinuer les vagues
Comme un chemin bleu dans l'aile du cyclone.

Je suis descendue dans la mangrove
Voir mugir le pétillement des graminées
Et j'ai rencontré les femmes de Barbe Bleue.
J'ai vu leurs yeux déborder des paupières.

J'ai vu des couleurs exploser,
S’effilochant en marge des ravines
Et lavant sur leur passage la lune blanche
Qui coule par la déchirure d'un nuage.

J'ai vu des geais joyeux et gais
Assis dans les cheveux d'ange des vignes,
Humant la magie bleue de la mangrove
Et fantasmant sur les étoiles.

J'ai vu dans les vagues de la mangrove un diamant bleu
Et je fus bien en peine de le cueillir dans la lumière.
Des grues dansaient, fauteuses de mirage.
Qui porte sur le gué ce vertige éthéré ?

J'ai vu dans la mangrove,
Sur les vagues d'azur,
J'ai vu de mes yeux vu un diamant bleu diaphane
Où glisse un grain d'extase.

Cette nuit j'ai fait un drôle de rêve,
Un rêve en mousse de nuage.
J'ai senti son souffle onirique
Comme un kaléidoscope sur les vagues.


Eve-Marie Eygout
Octobre 2010

Collectivement écrivant
J'ai rêvé que…


J'ai rêvé que les oies traversaient le salon
J'ai rêvé qu'un enfant me tirait la langue
J'ai rêvé qu'au fond d'un étang je tombais
J'ai rêvé que demain je serai écrivain
J'ai rêvé que j'avais le temps, tout le temps
J'ai rêvé que mon amour me quittait
J'ai rêvé que je partais pour toujours
J'ai rêvé que les roses étaient bleues
J'ai rêvé que le ciel se fermait
J'ai rêvé que mon rêve finissait
J'ai rêvé que le sol s'entrouvrait
J'ai rêvé que les portes tombaient
J'ai rêvé que le toit s'envolait
J'ai rêvé que les parfums entraient
J'ai rêvé que les mots m'échappaient
Marie Evin
Octobre 2010

J’ai rêvé que Jonathan Le Goéland c’était moi
J’ai rêvé que le monde était plat
J’ai rêvé que l’eau était chaude
J’ai rêvé que la guerre n’existait plus
J’ai rêvé que les hommes se respectaient
J’ai rêvé que personne n’était sans abri
J’ai rêvé que les enfants mangeaient à leur faim
J’ai rêvé que la nuit était jour
J’ai rêvé que la mer était d’huile
J’ai rêvé que les sirènes existaient
J’ai rêvé que les senteurs me nourrissaient
J’ai rêvé que le bateau volait
J’ai rêvé que le temps s’arrêtait
J’ai rêvé que l’amour était loi
Danielle estay

J’ai rêvé que je vivais un rêve
J’ai rêvé que je rêvais que je vivais
J’ai rêvé que je rêvais que je vivais un rêve
J’ai rêvé qu’un rêve se réverbérait à l’envers d’un réverbère
J’ai rêvé que j’étais une noix, une coque enfermant un cerveau dur et croquant
J’ai rêvé que la nuit sur le divan, une utopie songe à la lune
J’ai rêvé que je plonge d’une grève où l’écume des jours s’abrège
J’ai rêvé que je bois la tasse de thé du bout des lèvres
J’ai rêvé que le cri de nos mensonges prenne une trêve
J’ai rêvé que j’éponge le bavardage des nuages aiguisé comme une lame
J’ai rêvé que je nage au creux de l’océan comme une éponge
J’ai rêvé que je côtoie dans son inconscient le dieu crabe
J’ai rêvé que petit nègre de la pègre allègre comme un zèbre
J’ai rêvé qu’il brise l’horizon dans un éclat d’espoir divin
J’ai rêvé qu’elle divise le chant des divas en une sirène alerte et répétitive
J’ai rêvé que telle une vénus émergeant des flots, elle m’invite au réveil
Samuel




DANS un rêve, j'étais une algue brune détachée de son socle de pierre, ondoyant dans le courant capricieux d'un océan profond et froid.
DEHORS était fait de bruits assourdis d'ombres et d'ondes, de sons éteints d'éclats brusques de lumière.
Mon esprit était empli de lâcher-prise errant sans contrainte entre des eaux mouvantes.

Une porte était ouverte, bleue vibrante, j'étais sûre de l'avoir fermée avant d'aller me coucher.
Une silhouette évanescente se détachait dans le rectangle de lumière sur le palier. Elle me chuchotait un secret entre deux bulles et me faisait signe d'approcher. J'ai eu un moment d'hésitation. Est-ce que je devais me lever ? J'ai battu des paupières. Je me suis réveillée. La porte était fermée. Les ondes bleu sombre balançaient de nouveau, transparentes et calmes.

Dans un rêve, j'étais une algue brune, libérée de ses attaches et libre, ondoyant sans but, sans désir, sans pensée.
Dehors était fait de couleurs, de sensations, d'effleurements, de caresses invisibles et d'échos chuchotés.
Mon esprit était rempli de paix, de renoncement, de ne plus dire, amarres rompues, sans mot, sans volonté.

Marie Evin
Novembre 2010


DANS un rêve, j'étais une aile qui suivait les courbes du vent chevelu.
DEHORS était fait d'une transparence bleue aux étoiles d'argent. Dehors me portait comme une eau clémente.
DEDANS était rempli d'élan et de lumière. Je me disais : « j'en ai tant rêvé, mais cette fois-ci, c'est pour de vrai, je vole ! »
En fait, l'armoire à confitures était à double fond. La framboise ouvrait sur la mer d'Iroise la fraise sur la Tarentaise, l'abricot sur Acapulco, les mûres sur l'aventure, la cerise sur le Grand Canal de Venise, la gelée de coings sur les rues de Tourcoing, la gelée de pomme sur le Musée de l'Homme. La mer d'Iroise flirtait avec l'étoile polaire, l'aventure flottait comme une brume sur les canaux de Venise où Corto Maltese glissait, énigmatique. Les rues de Tourcoing sentaient la frite, celles d'Acapulco le citron vert. En Tarentaise, il neigeait. Au Musée de l'Homme, il y avait des totems. J'étais l'aile détachée d'un totem, bariolée, d'un bois souple comme une peau d'ange. J'avais enfin répudié le sol, quelques mètres au-dessous de moi comme un dispositif inutile, enfin libre et la nique à Newton. Leonardo, mon frère, je vole, je nage dans la lumière, je ne sais plus, je suis si bien. Regarde, un looping !
Quand Tintin se dressa devant moi en me réclamant le fétiche arumbaya, l'oreiller amortit ma chute.
Eve marie
Novembre 2010


DANS un rêve j’étais une énorme vague traversant les océans, j’allais plus vite que tous les oiseaux de mer.
DEHORS était fait de ténèbres, de chaleur, de vide.
Mon esprit était rempli de curiosité, j’avais ce besoin d’aller toujours plus haut, toujours plus loin, et l’envie de courir me reprit, j’avançais avec force, dévorant tout sur mon passage, mais sans colère, derrière moi ne restait que l’eau calme et pure, de-ci, de-là apparaissaient quelques îlots, pleins de vie, puis la fatigue me prit, ma puissance décrût, j’étais nourrie de tout ce que j’avais absorbé, « j'arrivai en douceur sur une plage de glace »
Brigitte hachin
Novembre 2010

REVE BANCAL
De prime abord, rien de bien surprenant. Une situation des plus banales, même si chaque fois différente. Une scène de la vie quotidienne : des pas dans une rue animée ou dans l’allée d’un magasin plutôt achalandé ; une balade dans un square débordant d’enfants affairés, s’amusant au bac à sable ou bien se chamaillant pour une place de balançoire, sous l’œil attentif et attendri des mamans qui papotent par groupes de 2 ou 3. Et puis, soudain, mes pieds, pour qui jusqu’ici, tout allait pour le mieux, se posent sur le vide. Dans le même temps, tout se tait autour de moi, tout disparaît. Le silence m’enveloppe. Le silence et le vide. Ce vide rempli d’un froid qui me glace toute entière. Et c’est la chute. Sidérante. Vertigineuse. Interminable. Terrifiante… La première fois. Oui, je suis souvent tombée en dormant. Au fil des rêves, la terreur s’est peu à peu atténuée, pour finalement disparaître. Au fil des chutes, le vide ambiant s’est réchauffé, le grelottement remplacé par un doux frisson. J’ai appris, pendant ces nuits renversantes, à prendre plaisir à choir ainsi, sans fin. J’ai peu à peu aimé ainsi tomber. J’en suis venue à attendre, à espérer le rêve du vide, du plongeon enivrant, à la limite de la jouissance. Ce rêve incolore et indolore. Ce rêve bancal qui ne fait même pas mal.
Nadine Le Car
Novembre 2010




Kaléidoscope de rêves

Envol
J'avais 10 ans. Je volais au-dessus des pelouses et des allées. C'étai normal. Je le savais bien que je savais voler. Au-dessus de l'érable rouge, pas très haut, comme on court, comme on nage. J'étais sûre que je savais, en vrai.
Paralysie
J'étais terrorisée. Je ne voulais qu'une chose, hurler. Courir. Je ne pouvais pas bouger, pas remuer un doigt, pas ouvrir la bouche. J'étouffais. Cette terreur me glaçait. Impossible de fuir.

Poursuite
Je conduisais ma vieille alpha-roméo, celle que j'avais achetée à ce professeur d'université lorsque je m'étais retrouvée sans voiture. Je fuyais quelqu'un ou quelque chose, je ne me souviens plus, il faisait nuit, je roulais vite, sur une route bordée d'arbres, une voiture me suivait, me faisait des appels de phares, s'approchait, je la distançais, elle se rapprochait encore. Brusquement je n'ai plus eu de phares. Je me suis réveillée.

Rêve nu
J'avais oublié de m'habiller. Je marchais au milieu d'hommes en costume-cravate et de femme en tailleur. J'espérais que personne ne s'apercevrait de ma nudité. Mais je n'avais rien à craindre. Personne ne me voyait.

Maison
J'ai rêvé souvent de maisons dans lesquelles je venais d'emménager et qui cachaient des pièces supplémentaires. J'ai chaque fois cru vraiment que c'était vrai. J'ai été si heureuse de les découvrir finalement si grandes. Ces maisons accueillantes ne sont que soi-même et les pièces découvertes derrière les portes sont nos trésors cachés n'est-ce pas ?

Terre
Je ne me souviens pas avoir jamais rêvé de terre. Mais à l'adolescence j'aimais la parcourir, franchir les clôtures des prés, arpenter les sous-bois, découvrir une cabane abandonnée, m'aventurer au bord d'une carrière. Je humais les odeurs de terre mouillée, les parfums de fougère. Mais je ne me souviens pas avoir jamais rêvé de terre. Ce mot me rappelle juste un livre d'Emile Zola, qui m'avait violemment impressionnée : La terre.

Eau
La maison où je vis est comme une éponge. Parfois il pleut dans la véranda, l'eau suinte par dessous le mur de pierre, parfois il pleut par le vieux pignon, d'autres fois il pleut par le plafond, près des ampoules allumées. La maison est au bas d'un terrain en pente, au fond d'un vieux jardin et au cœur de marais. J'éprouve cette sensation d'insécurité incontrôlable et de vivre continument la serpillère à la main.

Feu
Le feu crépitait dans le poêle. Son odeur me ramenait dans la maison de ma grand-mère. Nous écoutions nos parents parler à voix basse, à travers le vieux plancher de la chambre. C'était la même odeur que celle du poêle de l'école, que l'on préparait le soir après la classe. On retirait les cendres, on roulait le journal en boules, on apportait le seau de charbon noir et lisse. Quand je m'éveille, je tâtonne pour retrouver le gros édredon de plumes et l'odeur du bois ciré des pupitres.


Ses morts
Ma belle-sœur rêvait souvent de sa grand-mère après sa mort. Ainsi, elle pouvait lui parler la nuit et recevoir ses conseils. Moi j'ai rêvé pendant des années de mon amour mort. J'oubliais la rupture, son mépris, sa violence et me réveillais toujours au moment où il allait me prendre dans ses bras, dévorée de tristesse.

Réveil
Il y a ce moment, juste avant le réveil. Le rêve est parfois là encore, on s'y entortille comme au creux d'une couette, on n'a pas plus envie de le quitter que de quitter son lit. Et puis quelque chose nous tire du sommeil et il s'effiloche, s'efface. Il ne reste qu'une sensation fugitive, de bien-être, de peur ou de terrible tristesse.

Marie Evin
Janvier 2011