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"Chantier solidarité", Maroc, juillet 2010, A.Socio-Educatif

Fragments écrits à l'abri des vents...

Fragments écrits à l'abri des vents...

Inventaire / Ce que je n’ai pas pris pour venir à Wassen, ce que j’ai laissé

Ma famille, mon chat, mes amis, mon lit, ma montre, mon sac d’école, mon ballon, Casablanca, l’école, la télévision, ma maison, mon lycée, mon PC, mon amour, ma vie, ma joie, mon bonheur, mes meilleures amies à Bordeaux, Némo, le partage, l’humour, mes babouches, mes habitudes, ma playstation, mes lunettes de soleil, mes amis, ma casquette, mes chats, mes chiens, ma peluche rose, mon jardin, me bijoux, ma peinture, mon canapé, ma brosse à cheveux, ma couette, mes plantes, mon hamac, ma planche à voile, mon amoureuse, mes enfants, mes peurs, mon stress, ma musique, mes chaussures, mes pulls, ma doudoune, mes boots, mes skis, mon ruisseau, mon Bouba, mon Yop, mes pizzas, mon camion, ma remorque, mon mari et mes enfants, ma maison, mes tongues rouges, mon ordinateur, mon bureau, ma voiture, mon chef, mon parapluie, mes bottes en caoutchouc, mon bonnet


Imitation poétique

Pour écrire un poème amour
Il faut tuer l’être

Pour écrire un poème seul
Il faut pouvoir tousser

Pour écrire un poème coloré
Il faut sentir une ventouse

Pour écrire un poème souvent
Il faut être sonné

Pour écrire un poème voleur
Il faut manger la lune

Pour écrire un poème élevé
Il faut avoir des lunettes

Pour écrire un poème sens
Il faut ovuler la télé

Pour écrire un poème étoilé
Il faut lester une liste

Pour écrire un poème perdu
Il faut être Léon

Pour écrire un poème estonien
Il faut être Noelle

Pour écrire un poème rose
Il faut tuer l’être

Pour écrire un poème amour
Il faut tuer l’être

Pour écrire un poème morose
Il faut être sous terre

Pour écrire un poème mort
Il faut être muet

Pour écrire un poème été
Il faut tuer la lune

Pour écrire un poème nounours
Il faut être sot

Pour écrire un poème mal être
Il faut l’âme de la terre

Pour écrire un poème marteau
Il faut être une moule

Pour écrire un poème tarte
Il faut être une peau mate

Pour écrire un poème neutre
Il faut muer la route


J’HABITE / Poésie à continuer

J’habite dans les arbres
Au bord de la montagne
Je ne sais pas parler de l’amour
Car les mots qui me sauveraient ont des complications
Ont glissés sur la terre
Sur la pente de la santé

Alors je les cherche ailleurs dans le ciel

Près de la nature
Dans le partage
Sous un objet
Derrière la joie
Devant la famille
De l’autre côté de la vie
Au dessous de la chaleur de l’air
Au dessus de l’avenir

FREDERIC


J’habite un endroit où l’on s’amuse
Au bord de la liberté
Je ne sais pas parler mais je partage tout
Car les mots qui me sauveraient
sont ceux de la vie qui
Ont glissés de mon cœur
Sur la pente de la légèreté

Alors je les cherche ailleurs pour en profiter

Près de la terre
Dans la nature
Sous la vie
Derrière
Devant l’amour des familles
De l’autre côté de la construction
Au dessous de l’air
Au dessus de la terre

JULIEN


J’habite
Au bord de l’eau
Je ne sais pas parler la pollution
Car les mots qui me sauveraient vont mourir
Ont glissés au but
Sur la pente de l’amour

Alors je les cherche ailleurs dans la nature

Près de la vie
Dans la terre
Sous la famille
Derrière la haine
Devant le foot
De l’autre côté de la santé
Au dessous de la construction
Au dessus de la casse

BRYAN


J’habite dans un arbre
Au bord de la mer

Je ne sais pas parler aux éoliennes
Car les mots qui me sauveraient s’envolent
Ont glissés avec le souffle
Sur la pente du vent

Alors je les cherche ailleurs dans l’humanité

Près des fleurs
Dans une maison
Sous les étoiles
Derrière le ballon
Devant le soleil
De l’autre côté des peintures
Au dessous des tentes
Au dessus du lit

ELODIE


J’habite la vie
Au bord du soleil

MEHDI


J’habite avec passion
Au bord des éoliennes
Je ne sais pas parler sans respirer
Car les mots qui me sauveraient s’envolent
Ont glissés du lit
Sur la pente de feu

Alors je les cherche ailleurs
pour en profiter avec mon frère

Près des animaux
Dans l’amour
Sous l’oiseau
Derrière la tente
Devant le ballon
De l’autre côté du soleil
Au dessous de la joie
Au dessus de la maison

ALEXANDRE


J’habite dans une maison
Au bord d’un hôpital
Je ne sais pas parler comme ma cousine
Car les mots qui me sauveraient du vent
Ont glissés sur des montagnes
Sur la pente d’une route

Alors je les cherche ailleurs dans le ciel

Près de la mer
Dans le stade
Sous des montagnes
Derrière une villa
Devant un lit
De l’autre côté de d’une plage
Au dessous des plantes
Au dessus des clubs

ALI


J’habite la terre
Au bord de la mer
Je ne sais pas parler d’amour
Car les mots qui me sauveraient sont partis pour un non retour
Ils ont glissés
Sur la pente des délaissés

Alors je les cherche ailleurs dans un autre monde

Près de l’eau qui coule
Dans une boule
Sous les étoiles
Derrière un mur
Devant tout le monde
De l’autre côté du tiers monde

HASNAE


J’habite près de la joie
Au bord du sirop de l’amour
Je ne sais pas parler de chaleur, de vent
et d’éolienne
Car les mots qui me sauveraient du silence,
du rêve ou du cauchemar
Ont glissés dans de la nourriture d’enfant
Sur la pente compliquée de la maladie
ou de la sieste

Alors je les cherche ailleurs
dans l’équilibre du souffle

Près de l’océan
Dans la planète bleue
Sous le sable
Derrière la végétation de ciel
Devant la douceur du repos
De l’autre côté du plaisir des senteurs
Au dessous de la joie des repas
Au dessus des ballons, des joueurs,
des enfants et des buts

CHRISTOPHE


J’habite dans un arbre
Au bord de la vie humaine
Je ne sais pas parler mais je sais rêver
Car les mots qui me sauveraient
de mon long sommeil
Ont glissés à ma porte
Sur la pente de l’amour

Alors je les cherche ailleurs le bonheur de la vie

Près de la maison
Dans la boue
Sous les feuilles
Derrière la maison
Devant la santé
De l’autre côté de la porte
Au dessous de l’oxygène
Au dessus de la vie

GAETAN


J’habite sur mon soleil
Au bord de l’étoile
Je ne sais pas parler à la terre
Car les mots qui me sauveraient sont dans l’eau
Ont glissés sur les tigres
Sur la pente de la lune

Alors je les cherche ailleurs dans l’air

Près des animaux
Dans la joie
Sous le chagrin
Derrière le bonheur
Devant le malheur
De l’autre côté de la mer
Au dessous de l’univers
Au dessus de vivre et respirer

MATHILDE


A Wassen

A Wassen
Huit millions de cailloux
Douze mille cent huit habitants
Quinze cent vingt deux maisons
Un milliard de vaches
Une paire de claquettes
Sept mille quatorze femmes
Trop de chaleur
Trois cent mille quatre cent neuf lézards
Deux épiceries
Six cent deux insectes
Un peu de bruit
Sept mille six cent cinquante trois arbres
Beaucoup de joie
Un restaurant
Un million deux cent trente-deux mille trois cent mouches
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
ALI

A Wassen
Huit millions de galets
Douze mille cent huit bouteilles plastiques
Quinze cent vingt deux milles grain de poussière
Un milliard d’étoiles dans le ciel
Une paire de chaussures devant les marches
Sept mille quatorze sacs en plastique qui volent
Trop de vent
Pas assez de fleurs
Trois cent mille quatre cent neuf rayons de soleil
Deux personnes sur un âne
Six cent deux rires par jour
Un peu de calme
Sept mille six cent cinquante trois cailloux
Trois mille mouches
Quelques poules qui errent
Six dromadaires
Et beaucoup d’éoliennes
Des maisons
Soixante deux enfants qui courent
Un taxi de temps en temps
Cent fourmis
Vingt quatre chiens qui se baladent
Un chat qui passe
Et puis un autre sans doute.
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
ELODIE

A Wassen
Huit millions d’animaux
Douze mille cent huit arbres
Quinze cent vingt deux vaches
Un milliard de moutons
Sept mille quatorze chèvres
Trop de chiens
Pas assez de calme
Trois cent mille quatre cent neuf maisons
Deux bouchers
Six cent deux chats
Sept mille six cent cinquante trois habitants
Trois mille taxis
Quelques ânes
Six bus
Une école
Vingt quatre scorpions
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
SALMA

A Wassen
Huit millions d’habitants
Douze mille cent huit bouts de papier
Quinze cent vingt deux bouteilles
Un milliard de vaches
Une paire de chaussures
Sept mille moutons
Trop de déchets
Pas assez de propreté
Trois cent mille quatre cent neuf chiens
Deux arbres
Six cent deux feuilles
Un peu de vente
Sept mille six cent cinquante trois morceaux de sucre
Trois mille épiceries
Quelques ânes qui travaillent
Six chats
Et beaucoup de mouettes
Des oiseaux
Soixante deux guêpes
Un cameraman
Un million deux cent trente-deux mille trois cent maisons
Vingt quatre fenêtres
Moi
Et puis ceux qui sont avec moi sans doute.
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
BRYAN

A Wassen
Huit millions de chèvres
Douze mille cent huit vaches
Quinze cent vingt deux cailloux
Un milliard de mouettes
Une paire de tongues
Sept mille quatorze habitants
Trop de chiens
Pas assez d’école
Trois cent mille quatre cent neuf lézards
Deux mobylettes
Six cent deux éoliennes
Un peu de vent
Sept mille six cent cinquante trois kilomètres-heures de vent
Trois mille voitures
Quelques ânes qui portent des charges
Six bus
Et beaucoup de déchets
Des années qui ont passé
Soixante deux kilomètres de plage
Un océan
Un million deux cent trente-deux mille trois cent crabes
Vingt quatre scorpions
Et puis vingt- quatre scorpions sans doute.
Hors cette ville si belle et naturelle où il n’y a pas grand-chose
JULIE

A Wassen
Huit millions d’animaux
Douze mille cent huit ruisseaux x d’eau
Quinze cent vingt deux tables
Un milliard de grains de sable
Une paire de boucles perdues
Sept mille quatorze habitants
Trop de vent
Pas assez explicable
Trois cent mille quatre cent robinets d’eau potable
Deux portables
Six cent deux chiens
Un peu de chats
Sept mille six cent cinquante trois scarabées
Trois mille mouches lézards
Quelques caveaux qui m’empêchent de marcher
Six chemins
Et beaucoup de grottes
Des croutes partout
Soixante deux épaules
Une école
Un million deux cent trente-deux mille trois cent poules
Vingt quatre chiens coqs
Des poussins
Et puis des brebis sans doute des moutons
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
HASNAE

A Wassen
Huit millions de traces de pas dans le sable
Douze mille cent huit mètres de cailloux
Quinze cent vingt deux mètres de murs
Un milliard de grains de sable
Une paire de chaussures abandonnées
Sept mille quatorze fumeurs de cigarettes
Trop de vent
Pas assez d’écoles pour les enfants
Trois cent mille quatre cent nuages de fumée
Deux enfants qui jouent
Un peu d’eau potable
Quelques animaux qui n’ont pas la chance d’être en bonne santé
Soixante deux habitants
Un point d’eau pour animaux et humains
Un million deux cent trente-deux mille trois rêves
Vingt quatre travailleurs
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose…
On se plaint des choses qu’on n’a pas
Alors que eux ils n’ont pas le tiers de ce qu’on a
GAETAN

A Wassen
Huit millions de mouches
Douze mille cent huit chiens
Quinze cent vingt deux sourires
Un milliard de « salam »
Une paire d’écoles
Sept mille quatorze envies de dormir
Trop de vents et de sable
Pas assez de vent et de sable
Trois cent mille quatre cent neuf étoiles
Deux dromadaires
Six cent deux respirations
Un peu d’océan
Sept mille six cent cinquante trois pêcheurs
Trois mille éoliennes
Quelques végétations qui se reposent
Six enfants dans la cour
Et beaucoup de rires
Des chiens
Soixante deux chiens
Un chien
Un million deux cent trente-deux mille trois cent grains de sable dans mes chaussures
Vingt quatre chiens
Et puis un chien sans doute.
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose…
Il ya moi et puis toi qui ne comprend pas, et tous ces chiens
CHRISTOPHE

A Wassen
Huit millions d’humains de l’Uruguay
Un milliard de gagneurs de loto
Deux filles marocaines dans le chantier
Soixante deux Dirhams pour acheter des cigarettes
Vingt quatre numéros de la classe de math
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
MEHDI

A Wassen
Huit millions de pierres
Douze mille cent huit mouches
Quinze cent vingt deux cailloux
Un milliard de grains de sable
Une paire de chaussures abimées
Trop de vent
Pas assez d’eau
Quelques éoliennes qui ne font pas beaucoup de bruit
Une école
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
ALEXANDRE

A Wassen
Huit millions de coquillages
Douze mille cent huit animaux malheureux
Quinze cent vingt deux bateaux
Un milliard de scarabées
Une paire de boucles sur la roche des sables
Sept mille quatorze mouches
Trop de cafards
Pas assez de pluie
Trois cent mille quatre cent neuf œufs de poule
Deux chats
Six cent deux ânes
Un peu de vertu
Sept mille six cent cinquante trois poissons
Trois mille grains de couscous qui se promènent dans mon estomac
Quelques mots qui me réveillent
Six balais
Et beaucoup de poussière
Des jeux de société
Soixante deux maisons
Un soleil
Un million deux cent trente-deux mille trois cent étoiles
Vingt quatre pensées
De la haine
Et puis de l’amour sans doute de la joie
Hors cette ville où il n’y a pas grand-chose
MATHILDE


un jour…

Un jour on est arrivé à Wassen
Un jour on ne travaille pas
Un jour on travaille
Un jour on écrit
Un jour on se promène
Un jour on s’attache à certaines personnes
Un jour malheureusement on part
BRYAN

Un jour je suis allé à la plage avec mes amis
Un jour je suis resté à la maison pour jouer
Un jour j’ai travaillé au chantier
Un jour je suis allé à Essaouira
SALMA

Un jour on ne travaille pas
Un jour on travaille
Un jour on écrit
Un jour on se promène
Un jour on s’attache à certaines personnes
Un jour malheureusement on part
BRYAN

Un jour pour la première fois j’ai pris l’avion
Un jour je suis allé à la plage
Un jour j’ai lutté contre le vent
Un jour mon équipe a gagné 4-2 au foot
Un jour j’ai ressenti de l’amour
Un jour j’ai rêvé
Un jour j’ai fêté
Un jour je suis tombé dans les pommes Un jour j’ai eu pitié
Un jour j’étais dégouté
Un jour j’étais heureux
JULIEN

Un jour on s’est retrouvé à l’aéroport
Un jour on a atterri à Marrakech
Un jour on a dormi tous ensemble sur la terrasse
Un jour on a mis plusieurs heures pour arriver à Wassen
Un jour j’ai eu du mal à trouver mes marques sur place
Un jour je me suis levée tôt pour aller retaper cette petite école
Un jour je me suis sentie bien avec ceux qui m’entouraient
Un jour je me suis demandée pourquoi j’étais là
ELODIE

Un jour on a travaillé le matin et joué l’après-midi
Un jour on est allé à la plage
Un jour j’ai été à Essaouira et j’ai regardé le match final du mondial
Un jour j’ai travaillé beaucoup, fatigué et j’ai dormi l’après-midi
Un jour je fais des services des tables
MEHDI

Un jour j’ai pris l’avion pour la première fois
Un jour je suis partie au Roi Kysmar avec mes amis
Un jour j’avais trop bu
Un jour j’ai fait la connaissance de personnes extra
FRED

Un jour je serai footballeur professionnel
Un jour tu seras pauvre
Un jour je travaillerai
Un jour tu déménageras
Un jour je serai réel
Un jour je me marierai
Un jour tu prendras l’avion
Un jour tu iras en prison
ALEXANDRE

Un jour je suis né
Un jour j’ai pleuré
Un jour je suis heureux
Un jour je suis triste
Un jour j’aime
Un jour je n’aime pas
Un jour bonjour
Un jour bonsoir
Un jour j’aime le soleil
Un jour j’aime la pluie
Un jour près de toi
Un jour loin de toi
Un jour oui
Un jour non
Un jour comme les autres
Un jour plein de paradoxes…comme moi
CHRISTOPHE

Un jour je pose le pied au Maroc
Un jour je rencontre de nouvelles personnes
Un jour je prends le taxi
Un jour je rentre dans Wassen
Un jour je pense à toi
Un jour je fais caca pour la première fois depuis que je suis arrivé au Maroc
Un jour je crie « C’est la chougass »
Un jour je commence le chantier
Un jour je dis que dans deux jours ça fait trois ans qu’on est ensemble
Un jour je me dis que c’est une expérience extraordinaire
GAETAN

Un jour je suis arrivé à Wassen
Un jour je suis allé à la plage
Un jour on n’a pas trouvé le gonfleur de ballon
Un jour j’ai attendu beaucoup de temps pour que je rentre dans la salle de bain
Un jour je n’ai pas aimé le repas de déjeuner
Un jour je n’ai pas bien dormi
Un jour on avait besoin de pain
ALI

Un jour et c’est là que tout a commencé
Un jour dans une gare
Un jour il m’a fixé du regard
Un jour il m’a parlé de tout et de rien
Un jour il m’a invité à diner
Un jour, un jour, un jour…
Un jour il m’a déclaré qu’il m’aimait
HASNAE

Un jour je me souviens du vent
Un jour je me souviens du soleil
Un jour je dors sur le bord de la grotte
Un jour je regarde les étoiles
Un jour je pleure
Un jour je rie
Un jour je regarde l’eau

Un jour je travaille
Un jour je bois un Hawaï
Un jour je marche dans le sable
Un jour je pense sous l’arbre
Un jour je joue au foot
Un jour je croise un chat
Un jour je croise un scarabée
Un jour je prends ma douche
Un jour rêve dans l’air
Un jour je vois des limaces
Un jour je vois un couscous qui me dit coucou
Un jour je dis couscous au couscous
MATHILDE


Texte partagé / Je me souviens…

Je me souviens que hier on a marché 45 minutes pour aller à la plage
Je me souviens que je suis allé pêcher le requin
Je me souviens que le vent est si fort qu’il est presque impossible de marcher à contre sens
Je me souviens que les coups de soleil font mal
Je me souviens que je meurs à cause d’une vague
Je me souviens que j’ai enterré Ali dans le sable
Je me souviens de la tempête de 99 qui a fait tomber l’arbre du jardin sur la fenêtre de ma chambre
Je me souviens du sable sous mes pieds et de ces étoiles dans le ciel
Je me souviens de l’odeur de l’air marin sur la plage de Wassen
Je me souviens des couchers de soleil en Martinique sur les marches bleues
Je me souviens avoir gagné 4-2 au match à la plage
Je me souviens que hier la plage était nulle
Je me souviens que je n’ai pas pu dormir
Je me souviens de l’odeur des repas, des tajines, des salades composées avec plein de couleurs et des sardines
Je me souviens que le vent souffle très fort à Wassen
Je me souviens d’un ami que j’aime bien
Je me souviens que j’ai cultivé les champs de Wassen il y a 100 ans
Je me souviens des étoiles qui illuminaient le ciel de Wassen
Je me souviens de mon frère qui démolissait tous les châteaux de sable qu’on faisait pour lui
Je me souviens de l’eau et des frissons sur ma peau
Je me souviens de ma fille ainée lorsqu’elle refusait de marcher sur le sable alors qu’elle avait un an parce que ça lui chatouillait les pieds
Je me souviens du vent qui nous poussait vers Gibraltar, des poissons volants sur le pont
Je me souviens que quand j’ai dormi j’ai rêvé
Je me souviens que j’ai trouvé de drôles de cailloux sur la plage
Je me souviens de l’écharpe de ma tante qui s’était envolée dans le port de St Malo
Je me souviens du vent sur mes joues
Je me souviens de la peur que j’ai eue lors de la tempête de 1997 alors que je résidais en Bretagne
Je me souviens qu’on a fait un match à la plage et qu’on a perdu mais que notre revanche sera terrible
Je me souviens du réveil difficile dans ce sac de couchage rouge que je trimbale depuis des années
Je me souviens des couchers de soleil sur les plages de Bénodet
Je me souviens du silence, de la douceur, de la chaleur de l’océan, dans le ventre de ma maman


Prolongement poétique

La mer quand elle va boire
La mer quand on trouve des écrevisses
La mer quand elle a un maillot de bain
La mer quand elle ballade ses bouteilles en verre
La mer quand elle devient rose avec le coucher de soleil
La mer quand elle a du sable et des maitres-nageurs
La mer quand elle décide d’être turquoise en s’approchant de cette ile
La mer quand elle est là
La mer quand elle prend un bateau
La mer quand elle se déchaine et que ce n’est pas la peine d’aller se baigner
La mer quand elle a des poissons et des bateaux
La mer quand elle est calme et qu’il est bon de se coucher sur le sable et d’écouter les doux bruits des vagues
La mer quand elle trouve une belle vague


Quelque uns à Essaouira

Quelqu’un utilise sa gouache pour dessiner
Quelqu’un avec un plateau de gâteaux cherche
Quelqu’un porte un enfant dans ses bras
Quelqu’un est au téléphone
Quelqu’un pousse son fauteuil roulant
Quelqu’un apporte le Hawaï
Quelqu’un compte ses sous
Quelqu’un tient la main de quelqu’un
Quelqu’un mange une glace
Quelqu’un porte des chaussures jaunes
Quelqu’un tient son vélo
Quelqu’un qui marche à l’envers
Quelqu’un qui boit dans un verre
Quelqu’un qui me fait signe
Quelqu’un qui a une tête bizarre
Quelqu’un qui poursuit un lézard
Quelqu’un qui vit
Quelqu’un accroupi dans un coin sombre
Quelqu’un qui fuit son ombre
Quelqu’un qui se pose trop de questions
Quelqu’un prend un tee-shirt de foot
Quelqu’un prend une cigarette et la fume
Quelqu’un prend une bouteille et boit
Quelqu’un prend un journal et lit
Quelqu’un prend ses lunettes de soleil
Quelqu’un qui parle avec son ami
Quelqu’un qui porte
Quelqu’un qui marche vite
Quelqu’un écoute de la musique
Quelqu’un ne fait rien
Quelqu’un pousse un fauteuil roulant
Quelqu’un boit du thé
Quelqu’un prend une photo
Quelqu’un boit de l’eau
Quelqu’un fait des magasins
Quelqu’un marche avec des roses à la main
Quelqu’un veut vendre des lunettes
Quelqu’un marche avec un vélo à côté de lui
Quelqu’un fait de la trottinette
Quelqu’un reste en place
Quelqu’un vend des roses pour une petite pièce
Quelqu’un porte une casquette blanche
Quelqu’un a des rastas et des lunettes
Quelqu’un rigole pour une bêtise
Quelqu’un boit un café en poussant
Quelqu’un met un tee-shirt noir
Quelqu’un boit juste un jus d’orange
Quelqu’un mange le repas
Quelqu’un utilise sa bouche pour dessiner
Quelqu’un boit de l’eau
Quelqu’un nous regarde
Quelqu’un chante
Quelqu’un est handicapé
Quelqu’un a des dread locks
Quelqu’un aime quelqu’un
Quelqu’un est assis
Quelqu’un porte un sac « the north face »
Quelqu’un s’est pris en pleine tête un sac en plastique qui volait
Quelqu’un tape tout le monde
Quelqu’un essaye de marchander
Quelqu’un fume une cigarette
Quelqu’un porte son enfant dans ses bras
Quelqu’un me regarde en souriant
Quelqu’un porte le maillot de Bordeaux
Quelqu’un parle à la terrasse d’un café
Quelqu’un n’écoute pas
Quelqu’un sourit
Quelqu’un semble se pose des questions
Quelqu’un lit un magazine usé
Quelqu’un porte un foulard
Quelqu’un traine ses babouches
Quelqu’un se demande et fume encore
Quelqu’un filme quelqu’un qui se demande Quelqu’un porte un tee-shirt ridicule
Quelqu’un parfois se demande où vont ces gens
Quelqu’un chante une chanson d’enfants
Quelqu’un maintient fortement sa main dans une autre main plus large
Quelqu’un espère vendre des petits gâteaux
Quelqu’un n’enlèvera pas ses mains de ses poches de sitôt
Quelqu’un habillé tout en noir négocie quelque chose avec un autre quelqu’un habillé aussi tout en noir
Quelqu’un attend encore quelques instants avant de tirer sur sa cigarette
Quelqu’un attend ses deux chiens avant de continuer à marcher
Quelqu’un a ce sourire permanent
Quelqu’un tape sur sa boite à cirage en bois pour se faire entendre
Quelqu’un compare deux petites feuilles


Fragment troué comblé

Il ne suffit pas d'un tas de framboises pour faire une ville. Il faut des visages et des jambes, des martiens bleus et des Francis Cabrel frêles.
Un roi et des chameaux qui racontent des histoires.
JULIEN

Il ne suffit pas d'un tas de bétons pour faire une ville. Il faut des visages et des corps, des pieds bleus et des mains frêles.
Une oreille et des gueules qui racontent des histoires.
HASNAE

Il ne suffit pas d'un tas de supermarchés pour faire une ville. Il faut des visages et des maisons, des plantes frêles.
Une âme et des gens qui racontent des histoires.
ALI

Il ne suffit pas d'un tas de parpaings pour faire une ville. Il faut des visages et des bétonnières pour faire du ciment, des gros bleus et des hommes frêles.
Un chef de chantier qui raconte des histoires.
ALEX


Dialogues à Essaouira

Quelqu’un pousse un vélo / quelqu’un mange un repas
- Bonjour ! Que manges-tu ?
- Je mange du poisson
- Ce n’est pas du poisson, c’est une baleine !
- Oui c’est une grande baleine et c’est bon
- Je l’ai pêché hier soir dans ma baignoire
- Ah c’est vrai ? C’est bizarre !
- Tous les soirs dans ma baignoire je pêche des baleines rouges et vertes
- Ah oui tous les soirs… Et que fais-tu avec elles ?
- Eh bien ensemble nous cherchons mon vélo.

Quelqu’un ne fait rien / Quelqu’un utilise sa bouche pour dessiner
- Bonjour, comment tu vas ? Pourquoi tu es seul ?
- Wa aâlikom salam, kaintsana chi wahad
- Je peux attendre avec toi ? Et c’est possible que tu me guides dans la médina ?
- Ahah, marahba bik F maghrib
- Wakha chokran c’est très gentil à toi !!
- Waka yamkam mamchiw l’meddina daba ?
- Ok…On part de quel côté ?
- Namchiw mam hna hssan