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textes issus du rendez-vous mensuel
A PARTIR DE 4 PHOTOS
Les amis d’Atlas
Atlas se produit tous les jours dans la cour de la gare, sous la pub pour le TER.
Au début, on voulait le chasser. Puis, les vigiles ont fait amis avec lui et le chef de gare a reçu comme consigne de favoriser le spectacle vivant dans ses murs. Alors, il a dit qu’Atlas pouvait rester. Il lui a fait cadeau de cette boule de granit, témoin de l’époque où les diligences franchissaient à grand fracas le portique marqué par deux colonnes surmontées de sphères pour déverser à l’entrée des quais leurs cargaisons de globe-trotters. Alors, tous les potes d’Atlas sont venus le regarder porter la terre dans la cour de la gare. Au début, les voyageurs voulaient lui donner des pièces, mais lui disait qu’il ne fait pas cela pour l’argent. Il veut montrer.
Montrer quoi, lui demandent ses potes, qui le trouvent un peu fêlé. Quelle idée de s’user les épaules sous une tonne de pierre ronde. Tombera ? Tombera pas ? Les paris sont ouverts chez les gars de son pays, les gars bruns qui viennent se détendre dans la cour de la gare, au sortir du chantier. Et puis, il y a les autres.
Prends plutôt mon ballon, dit Pierrot, regarde, il a des points comme une coccinelle. Il va s’envoler. Pierrot espère nerveusement l’envol du ballon et rit, de toute sa dentition de lait bien rangée.
Prends plutôt mon cerceau, dit Fatou. Regarde, il roule et tourne, tourne autour du soleil, le soleil du soir qui le dédouble sur le sol. Mon cerceau fait Philippine. C’est le début du drapeau olympique.
Prends plutôt mon galet, fait Mémé Aggripine, en shootant avec détermination, cabas au vent, dans le petit caillou rond. Comment ? Une limite d’âge pour shooter ? Qui a dit ça ? Zinedine qui ? Tous des insolents ! Pose ça, Atlas, tu vas te faire mal.
Mais Atlas veut porter la terre. Il veut montrer : que la Terre est à tout le monde, à lui aussi, et qu’il peut la porter, même si elle est lourde.
Tous les jours, dans la cour de la gare, Atlas porte la Terre.
Eve-Marie E, juin 2009
Promenade dans St Nazaire.
C’est un fou, il habite St Nazaire et a volé l’une des boules-fontaines du centre ville. Maintenant il s’amuse, et il se prend pour Atlas, et la foule l’admire, quelle force ! Quelle habilité ! Plus loin dans une cour d’immeuble un enfant joue au ballon, est-ce un ballon ou une grosse coccinelle ? je n’aime pas cet enfant, je n’aime pas sa grimace, il est triste, c’est l’hiver, cette cour est triste, je n’aime pas cette image, je préfère cet autre enfant et son cerceau, là dans le jardin voisin, un enfant et un cerceau, c’est habituellement une image ancienne, avec de jeunes garçons endimanchés en costume marin, des petites filles enchapotées, mais surprise ici c’est un enfant africain, au soleil, libre dans ses habits colorés, contraste, lumière. Continuant ma promenade j’entre dans le Jardin des Plantes et là Mémé fait sa gymnastique, personne ne la regarde, alors une, deux et que je lève une jambe, puis une autre, ah ! Ça fait du bien ! Je me cache, peut-être va-t-elle courir ? Hélas un groupe de lycéens arrive, Mémé reprend un air digne, et serre son cabas contre elle. Quelle étrange ville que St Nazaire.
Brigitte. H, juin 2009
Grand-mère se mit alors à donner un énorme coup de pied dans la balle et dit ; « Allez ouste ! Je veux quitter la terre, avec pour seul bagage, le souvenir de lui … »
Je me sentais un peu gênée … tous les regards étaient braqués sur nous ! A-t-on idée d’ avoir une grand-mère qui joue au football en plein parc du Luxembourg ?
Non, j’étais triste. Surtout triste. J’avais posé tant de fois la question à grand-mère lorsque j’étais enfant : « Dis, ils font quoi tous ces gens qui courent, sur la terre ? Ou après la terre ?
Ils courent disait-elle, ils courent et ils ne voient pas la terre sur laquelle ils avancent les yeux fermés, d’un pas rapide et cadencé ! »
Parfois, elle me racontait la montagne, le lait des vaches et les oiseaux, lorsqu’elle était enfant. De sa terre, elle avait gardé l’accent de son patois. Le rythme de ses mots résonne encore à mon oreille…
Et puis voilà qu’aujourd’hui, elle ne l’aimait plus cette terre, elle voulait partir, la quitter, me quitter.
Je la regardais alors et je compris à son sourire qu’il était temps …
Elle voulait passer le relais.
Mon ventre était aussi rond que le ballon qu’elle venait de percuter. J’avais été plus féconde que la terre … j’allais devenir une maman, puis une grand-maman, et la terre tournerait ainsi encore longtemps, tournerait … tournerait …
Mia. L, juin 2009
Pendant que nous écrivions, la foule s'est dispersée, 300 personnes sont montées dans les trains, 4700 enfants ont chanté, 357 arbres sont tombés, 3 savants sont morts, 7 serpents ont sifflé, 900 meurtriers ont rejoint le macadam, 8000 maisons ont été inondées, 12 fêtes foraines ont fermé leurs leurs portes, un berger a disparu, neuf lacs ont débordé, 8953 questions ont été posées au savant juste avant qu'ils meurent, un milliard d'insectes ont piqué 10 millions de travailleurs, 7359 avions ont décollé, une dune s'est éfffondrée, une nappe de pique nique rouge s'est envolée, a été déchiquetée en trois morceaux par deux oiseaux et ont fini dans deux lopins de terre, trois tonnes de raisin ont été cueilli, 200 feux d'artifices ont été tiré, des milliers de souvenirs sont revenus à la mémoire de millions de personnes, la pollution a dévasté 123 forêts ... et nous, nous avons oublié d'écrire sur du papier recyclé !
Mia. L, juin 2009
Pendant que nous écrivions, 50 sirènes ont enchanté 500 marins, 10 voiliers ont été attaqués par 200 pirates, 3 îles sont apparues sur l’océan, 100000 noix de coco sont tombées de 3000 palmiers, 2 araignées ont effrayé 2 femmes,, 50000 orchidées se sont épanouies sur 10000 lianes, 1 tribu d’indiens a disparu de la terre, 10 satellites ont été lancés, une soucoupe volante s’est approchée de la terre et est repartie, affolée par 1 million de parasols colorés qui se sont ouverts sur 12000 plages, 5 caravanes avec 100 chameaux chacune ont traversé le désert de Gobi, 30 montagnes blanches sont devenues roses sous le coucher de soleil, 3 millions de bébés ont pris leur première tétée, 3000 télescopes ont observé le ciel, aucun n’a vu la soucoupe volante,
Sur les glaces de l’Antarctique 3 pingouins ont leurs 3 pingouines chéries, 100 bouteilles de pastis ont été ouvertes pour l’apéritif, 1 étoile s’est éteinte, 1 soleil s’est crée, et nous nous buvons du vin blanc dans un jardin vert et mystérieux.
Brigitte. H, juin 2009
un cadavre exquis
Quand Astariux aura percuté la planète des peuplades en amont, les mers du Sud seront gelées.
Quand Caen aura atteint 200000 habitants, l’avion partira sans moi.
Quand quand quand mais toujours un jour quand ce sera quand, je partirai seule.
Quand une logique s’inscrira dans sa tête, j’achèterai de l’ail et du persil.
Quand les religions disparaitront, j’aurai peut-être enfin le bonheur de t’effleurer.
Quand je serai chaos, les hommes de demain s’interrogeront enfin.
Quand la mer se retirera très loin, les pistons finiront par lâcher et le cœur filera au sol en vrille.
Quand les poules auront des dents, j’irai boire du lait de panthère les jambes en l’air.
Quand l’été finira, nous serons conscients de la fragilité du monde.
Quand les poules auront des dents, les éléphants pondront des œufs.
Quand j’irai dormir rêver mais surtout dormir, je remettrai le pendule à l’heure et te fondrai dessus.
Quand je ne serai plus capable d’écrire, tu rangeras ton maillot de bain.
Brigitte. H, Isa. A, Samuel. B, Soizic. L, Corinne. LL, avril 2009
AVEC UN TRIPTYQUE DE CARTES-IMAGES
Des p’tits pois, des p’tits pois, encore des p’tits pois,
Des p’tits poissons rouges
Des p’tits pois tout blancs
Des p’tits pois, des p’tits pois, toujours des p’tits pois
Mais aussi
La préhistoire de l’informatique : la mécanographie,
Et les cartes perforées de p’tits trous, de p’tits trous, toujours de p’tits trous,
Mais non, mais non
Des poissons verts, jaunes, bruns, violets
Accrochés au bout d’une ficelle, sur le dos des passants
Qui courent en riant dans la rue, ce jour de 1er avril,
Une journée vivante, gaie, colorée, comme la vitrine de la mercerie
Devant laquelle je passais,
En rentrant de l’école,
Bobines de fil multicolores, aiguilles, boutons,
Boutons de toutes tailles, à 2 trous, à 4 trous,
Encore des p’tits trous
Brigitte. H
Un vert cauchemar, formé d’une croûte tellurique et sèche, spongieuse à la surface. Une écorce vivante qui s’accroche aux nerfs du subconscient. Dans ces rêves ou plutôt mes cauchemars, cette apparition verdâtre est l’instant où je tente de m’arracher à mon désir. Je veux me réveiller. Ma vive volonté m’extirpe de ces songes trompeurs et me retourne à ma conscience. Mais ce réveil se joue parfois de ma conscience et se leurre en un passage vers d’autres chimères, éveillées celles-ci puisque je parviens à m’extirper de cet antépénultième rêve. Le doute, l’angoisse, la folie, les sueurs froides. Le temps a perdu ses repères et il en a conscience. Il s’auto-mange, anthropophage de lui-même, il est son propre meurtrier obsessionnel et sa victime transit. Il est mon ennemi. Il sort en offensive ses aiguilles molles, les tend menaçantes à un cil de mes pupilles dilatées sous leurs paupières. Le combat commence. Une conscience, une peur terrible, une envie frénétique de fuir, de sortir mais aucun ennemi en vue à combattre. L’ultime opération, le cliquetis de toute cette machination machiavélique annonce l’élan salvateur de l’autohypnose. L’esprit reprend le contrôle de son habitacle, lui parle, le drape de son système métrique qu’il connait. Le décompte peut commencer : 1, 2 et à 3 mon réveil prochain…
L’inconnu, d’ailleurs, d’autre part,
le voyage du personnage perplexe, il s’inscrit dans la spirale,
en une multitude de sillons nacrés,
rien ne le devine, seulement,
la naïveté de son regard immobile,
les couleurs de son masque tribal,
cache sa peur, la transforme en rêve,
en force d’animal sauvage
Isa. A, mars 2009
LA PAROLE AUX OBJETS
Dialogue tableau dans un musée /poste de télévision
- Toute la journée j’entends la même chose.
- Mais elle est toute petite !
- On ne peut pas s’approcher plus ?
- C’est çà !
- Tu appelles ça sourire toi ? Je suis observée depuis des siècles, mais plus jamais avec amour, sauf quand on me nettoie, avec tant de précaution et toi ?
- Oh moi ma chère, je suis regardée avec amour, mais rarement nettoyée, là tu vois je me repose, ils sont tous partis, travailler je crois, mais ce soir je vais chauffer. Tu sais que le monde entier peut être vu à travers moi, toi par exemple dans ta petite toile tu as dû être exposée sur mon écran, je ne m’en souviens plus, j’en ai vu tant et des plus connus que toi.
-Tuut tuut tuut halte là ! Seras-tu toujours là dans quelques siècles, quand tu auras des difficultés à fonctionner crois-tu que l’on te réparera, nettoiera avec amour ?
- Tu as raison je vais finir sur le trottoir avec les encombrants, mais je serai remplacée, toi c’est vrai tu es irremplaçable, mais l’éternité à sourire bof !
Brigitte. H, mars 2009
« Moi petit pull rouge, je te colle à la peau, j’aime lorsque tu me portes juste après la douche, je sens tes seins, ton parfum m’enivre » dit le pull rouge.
« Je suis sous la pluie, je me refroidis, je me sens seule, bientôt les enfants vont arriver, je vais les entendre rire, les sentir, me sauter dessus, jouer avec mon arbre unique, mes grains de beauté, ils sont heureux de se retrouver, sans moi nul ne se défoulerait, et moi je resterai seule à pleurer et j’aurai froid tout comme sous la pluie qui m’inonde » dit la cour de récréation.
Isa. A, mars 2009
« "Je suis posé là, dans l’attente d’être pris en main et confortablement reposé dans ce corps chaud et humide. Je suis certes artificiel, fabriqué de mains d’hommes, élaboré, conçu. Je ne suis pas inné, né du mystère de la vie mais je suis cet artifice qui explose en ton sein et remet en branle les battements d’une vie. Je ne suis pas né, je donne à renaître, à respirer, à vivre » dit le poumon artificiel.
« "Moi je dirige, je fonce, j’aime sentir le nez dans le guidon. Mais pourquoi m’appelle-t-on guidon ? Drôle, non ? Ce n’est assurément pas moi qui guide mais le sens de l’équilibre du cycliste, ses yeux, sa volonté. A défaut de guider, je dispose de manettes de freins, avant et arrière. Souvent, on m’accommode d’une sonnette pour alerter d’un danger d’impact imminent. Je sers aussi d’appui aux deux bras du cycliste. Non je ne suis pas un guide mais la partie la plus futile du vélo, celle dont on peut aisément se débarrasser. Tout jeune cycliste que nous avons été, n’avons-nous pas un jour rêver de piloter son vélo aux yeux de tout le monde, assis sur la selle droit comme i, sans me toucher ? Comment a-t-on pu imaginer m’affubler d’un terme aussi incongru ? » dit le guidon de vélo.
Samuel. B, mars 2009
« Tu peux toujours me prendre ! Ton pouce contre mon cœur, tes phalanges dans mes phalanges, paume contre paume, ongles dans les ongles, nos peaux à côté de nos espoirs…Lâche-moi… » dit la main dans une autre main.
« Ceci n’est pas une image de moi. Cela ne peut. Il y a souvent des erreurs la nuit. Prise par erreur. Il s’est trompé. Il ne m’a pas entendu, pas attendu. J’étais pas prête, ce n’est pas moi. Ce n’est pas vrai. C’est une autre. Regarde-bien » dit la photo sur une table de nuit.
Corinne. LL, mars 2009
« Je n'ai pas de chance. Je suis blanche, et par rapport à mes sœurs de couleur, on m'utilise et me martyrise davantage. Quand je suis en début de vie, ça va encore, mais plus je vieillis, plus je me ratatine. Et puis, sans attendre davantage, on me jette sans ménagement.
Place aux jeunes, c'est ça ! » dit la craie près d’un tableau.
« Ca me gonfle d'être une éponge...J'aurai préféré être du liquide-vaisselle, car moi, je n'ai droit qu'aux miettes ! J'aimerai buller, me faire des soirées-mousse... Mais moi, ce que j'aime bien quand même, c'est pas quand on me presse, mais bien quand on m'étreint....ça en jette, non ? » dit l’éponge sur le rebord d'un évier.
Soizic. L, mars 2009
DEFINITIONS D'ANCIENNES EXPRESSIONS ARGOTIQUES
Les ouiquendards (les adeptes du week-end) : En camping-car ou en 4X4, ce sont les chauffeurs du dimanche (…et du samedi) qui ont la banane, sourient de toutes leurs dents, et emmerdent le reste du monde !
Avoir les fuxias (avoir peur) : Quand on est « diclestique », au lieu de dire « les fuschias », on dit les « fuxias », comme on dirait « faire de la bosque », avoir la « carlastine », assister à un « pestacle » ou « bastulation libre ».
Soizic. L, mars 2009
Ne plus avoir d’Alpha sur les hauts plateaux (être chauve): Par cette expression le citoyen Lambda évoque son anxiété et sa vision d’un monde politique plat, désert aux courants d’air violent et surtout, à défaut d’Alpha, d’être dirigé et pour certains digéré, par des Bêtas innombrables.
Samuel. B, mars 2009
Ne plus avoir d’Alpha sur les hauts plateaux (être chauve): argot des légionnaires : l’Alpha était une plante aux longues feuilles fines, qui pousse sur les hauts plateaux algériens. Quand arrivés en permission, les légionnaires croisaient un chauve, aussitôt ils s’exclamaient : « Il n’a plus d’alpha sur les hauts plateaux »
Brigitte. H, mars 2009
A partir de l’incipit de « L’alchimiste » de Paolo Coelho
L’alchimiste prit en main un livre qu’avait apporté quelqu’un de la caravane… Il se dit que peut-être un troc serait la bienvenue mais un livre en échange de quoi. Un bouquet de fleurs des champs suffirait-il ? Des pétales contre des mots, des lignes contre des tiges, des feuilles contre des feuilles, des pages contre des fleurs qui fanent ?
Isa. A, mars 2009
L’alchimiste pris en main un livre qu’avait apporté quelqu’un de la caravane… L’alchimiste releva les yeux du livre et contempla le silence de voyageurs figés dans une appréhension commune, fixée à son encontre. Il leva l’index de la main gauche, le mouilla de sa langue, et dans un geste de paix, en connivence avec le livre tourna la première page. Il débuta sa lecture, sa voix était sereine, calme. Et bientôt en quelques lignes, il gagna l’adhésion de son auditoire. L’alchimiste s’effaça progressivement derrière les mots.
Samuel. B, mars 2009
L’Alchimiste prit en main un livre qu'avait apporté quelqu'un de la caravane… Une caravane ? Plutôt un assemblage de tôles, de bois et de chiffons... Ce "quelqu'un"ouavait lire, bien sûr, mais ne pouvait pas utiliser le langage: il était muet...L'alchimiste et lui avaient juste échangé des livres, et des regards.
L'alchimiste se réjouit de retrouver ce livre, mais il le posa sur une étagère. La nuit étant tombée, il eut envie de sortir. Une étoile brillait davantage que les autres. La terre était si loin d'elle ! Y avait-il une autre vie, ailleurs ?
Soizic. L, mars 2009