"Ecriture d'invention", Guérande, 2009-2010, Culturel
SESSION 6 / JOUER A ECRIRE
Quelques écrits
Tautogrammes
Renflé, ravi, ronronnant, Raoul rentre rapidement.
Roulis-roula, roule Raoul !
Radis-radeau, radote Raoul !
Répis, rêva, rêve Raoul !
Rempli, rampeau, rampe Raoul !
Rami, rameau, rame Raoul !
Rali, ralo, râle Raoul !
Annick. D
Son sang saigne si sibyllin sur sa sangle suave, sordide, si seule...
Agnesse. B
Résolution d'un chêne pour l'année à venir
grandir
trouver un frère
fabriquer de belles feuilles
rougir longtemps à l'automne
faire de l'ombre en été
supporter le hamac
accueillir le rêveur
jouer avec l'enfant qui grimpe aux arbres
protéger les hortensias
être le parasol du déjeuner sur l'herbe
garder la balançoire accrochée à l'une de ses branches
ne pas être malade
Agnesse.B
Résolutions d'une chips pour l'année à venir
-Non à la monotonie, cette année nous varierons nos tenues. Pourquoi pas un peu de cassis ou de violette ?
-Ne plus prendre de postures lascives pour tenter ceux qui entreprennent un régime.
-Profiter de notre légèreté pour prendre l’air avant d’être croquées.
-Un peu d’audace, que diable ! Cette année nous n’hésiterons pas à nous dessaler !
-Renoncer à engraisser ceux qui nous aiment tant.
-Cette année, fini les chips chipées par de petits doigts coquins. A chaque fois nous crierons !
-Et nous refuserons aussi la maltraitance des caddies. A nous les petits paniers ouatés.
-Cette année nous serons raisonnables, nous ne nous étendrons plus au soleil, au risque de tout tacher.
-Et ne plus nous laisser impressionner par ceux qui ont la dent dure.
Annick. D
"Staflizus"
Syruléique : qualifie l’apparence de nuages très légers qui s’effilochent dans un ciel bleu. Par extension l’adjectif est aussi utilisé pour souligner le caractère poétique et évanescent d’un visage.
Annick. D
Ktageîm : Nom masculin, ustensile de cuisine hindou qui permet de préparer des
mets très fins selon un processus particulier pour être servi lors d'un repas initiatique qui permet d'atteindre un niveau de sagesse et de méditation pouvant dévoiler l'alpha et l'oméga de la métempsychose .
Danielle. E
Madolité : n.f. singulier, usage du langage singulier, courant et populaire ayant trait aux banalités de la vie coutumière, ersatz de mots phatiques à l’instar du « allo, comment ça va ? », usité par nombre de consommateurs du langage verbal numérique et analogique, sans pour autant que l’émetteur ne transmette un quelconque signe d’attente ou de curiosité intéressée par la réponse à venir. Le plus souvent, l’interlocuteur percevra les modalités de cette faute de savoir-vivre et cette émission de langue-de-bois par sa tournure maladroite et inconvenue. Nous conviendrons que nous sommes tous à la fois victime et coupable de ce type de comportement, la différence étant dans notre façon de l’être.
Samuel. B
Goliol : nom féminin. Gaudriole internautique pratiquée par les adeptes du "lol" signifiant "rire" sur internet. On dit ainsi, " faire la goliol du premier de l'an " ou encore " la fille pleine de goliol et de peps! "
Agnesse.B
Texte à 3 voix
Il arrive à 8 heures
Elle pénètre dans le hall
Après le bruit du boulevard c’est le silence
Il descend prendre son café
Elle observe l’environnement
« Bonjour »
Il sort une tasse
Elle s’approche du grand panneau informatif
Le téléphone sonne
Il salue ses collègues
Elle met ses lunettes
Le silence est vivant
Il parle
Elle consulte les informations
Cette dame, là, explique quelque chose à son enfant, les voix restent tranquilles
Il remonte à son bureau
Elle se retourne
Les talons hauts qui claquent sur le sol
Il sort ses clés
Elle retire ses lunettes
Soudain un homme entre, il semble pressé, petit silence
Il ouvre les portes de son bureau
Elle se dirige vers le bureau d’accueil
Une vieille dame poursuit l’homme pressé : « Monsieur le Maire, Monsieur le Maire j’aimerais vous parler »
Il allume son ordinateur
Elle parle avec l’hôtesse d’accueil
Le bruit de l’ordinateur que démarre
Il décroche le téléphone
Elle retourne dans le grand hall
Derrière la banque d’accueil on devine des bureaux, conversations, rires, éclats de voix
Il parle au téléphone
Elle hésite
Bruits de conversations animées
Il consulte son ordinateur
Elle se dirige vers l’escalier
Les pas dans l’escalier
Il annonce les jours libres du planning
Elle arrive au premier étage
La photocopieuse crache des photocopies
Il coche le jour et l’heure de la réservation
Elle est sur le palier, elle hésite
Le bruit de la porte qui s’ouvre automatiquement
Il inscrit le nom de son interlocuteur téléphonique
Elle remet ses lunettes
L’heure sonne au clocher
Il sort la pile des cartes d’identité de l’enveloppe de la préfecture
Elle lit les panneaux
Le service urbanisme ?
Il les a triés par ordre alphabétique
Elle se dirige vers la droite
Des conversations feutrées
Il stoppe son activité
Elle pénètre dans un couloir
Les tiroirs du bureau qui s’ouvrent et qui se ferment
Il salue une personne
Elle marche lentement, en lisant les noms sur les portes
Le bruit des portes de l’ascenseur
Il écoute sa demande
Elle soupire
Le bruit de la circulation
Il l’oriente dans les services
Elle frappe à une porte, elle entre
Brigitte.H, Danielle. E
Cadavres exquis
Dans un asile à la campagne, alors que le soleil est à son zénith, Omer Simpson, débonnaire à la peau jaune et aux yeux exorbités, se verse une tasse de thé. Il craint l’arrivée d’une avalanche.
Une mygale velue :
- Tous ensemble tu nous as bien conduit jusqu’à la nuit ;
- Je ne rentrerai pas, fichez-moi la paix !
Derrière la haie buissonnante où nichent les oiseaux, à la tombée du jour, un jeune indien aux cheveux noirs arrive pour passer la nuit, prendre son thé à la menthe, manger ses dattes. Jamais encore il n’a eu la tête aussi reposée.
Un infirmier dans une ambulance :
- Terre terre ! Canots à la mer ! Un homme en vue !
- Une infusion du soir, pour une nuit paisible, juste un p’tit conseil.
Sur un transat, en transit, transie sous son zénith, à la tombée du soir, une femme blonde aux longues jambes fabrique une pirogue. Elle est calme avec des gestes mesurés auprès de sa monture.
Carla Carlita Carlclaxon soudain :
- Cela suffit maintenant. Il faut rentrer !
- Je vais enfin revoir la France !
Dans les dunes du désert jaunes et mouvantes, ce matin, la femme folle depuis toujours se précipite vers la grande étendue juste devant. Interloquée par le charme évanescent elle décide de se moucher.
Une vieille femme :
- Mais que faites-vous là chez moi ?
- Hors de ma vue, bête immonde, je travaille !
Au théâtre St Cassandre, en 1860, une jeune fille à la longue chevelure se délecte d’une mille-feuille posté la veille par son pâtissier préféré Elle sent monter en elle une étrange émotion.
Une oursonne blanche dressée sur ses pattes arrière s’exclame :
- Pourquoi me regardes-tu ainsi, tu me trouves belle ?
- Tcha ! Tcha ! Tcha ! Je regroupe le troupeau.
Sur une plage des mers du Sud, à l’ombre des cocotiers, bercé par son hamac, envouté par les notes d’un muchacho, un homme en redingote coiffé d’un haut de forme, se penche pour nouer ses lacets. Il est perplexe.
Un troupeau entravé naseaux ouverts.
- Eh ben ma biche, ton mascara tu le vends en pavé ?
Dans la nuit froid, étoilée, odorante, Carlton Lee Hooker le papa Zouk Zouk délire et crie à tue tête en alpaguant les passants. Il ressent une irrésistible envie de rire.
Tante Ursule, hirsute, éberluée par ce tintamarre rocambolesque éructe.
- Vous ici ! Quelle surprise je vous croyais décédé !
- Je vous apporte un petit pot de miel.