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"Les mémoires d'une génération", St Nazaire, 2012, A.Educative

Extraits du recueil ; quelques textes

Extraits du recueil ; quelques textes

A la recherche d’un personnage, Anny, une dame de 66 ans, aux cheveux blancs attachés en chignon, une longue mèche tombe sur le côté de son visage, une jolie petite bouille ridée, signe de vécu, de grands yeux vert émeraude éclairent son visage, une apparence très classe pour son âge, un sourire et un regard chaleureux, un humour hors du commun, une mélancolie qui la rend si fragile, c’est là mon personnage qui va vivre d’une vie à lui.
Diane


Daniel, né en 1930
Daniel est éduqué dans le respect de la religion catholique. Sa famille traditionnelle compte quatre enfants, deux garçons et deux filles. Les dimanches de son enfance, il préférait les passer à la plage de la Bernerie avec ses copains, plutôt qu’à l’église où il entendait la messe. Pourtant, quelques années plus tard, étudiant dans un internat, Daniel envisage d'être prêtre. Une période très difficile dans sa vie, car il est coupé de beaucoup de choses.
A 17 ans, il devient moniteur de colonie. Avec cet argent, il s’offre un disque qu'il a d'ailleurs conservé.
Puis c’est le service militaire, qui dure un an. Il découvre alors l'informatique et trouve en ce domaine une passion. Bien qu'il n’ait pas de diplôme, Daniel trouve vite du travail aux chantiers de l'Atlantique.
A 21 ans, sa sœur lui offre le permis qu’il n'a pas les moyens de se payer. La voiture change sa vie quotidienne. Pour rejoindre sa fiancée à 50 km, il peut abandonner son solex.
A 23 ans, il se marie avec Rose, une femme éblouissante, qui le rend heureux. Ensemble, ils ont quatre enfants, trois garçons et une fille.
Depuis l’âge de 60 ans, Daniel est retraité et prend plaisir à l'être. Chaque année, il fait un pèlerinage à Lourdes en compagnie de sa femme. C'est un homme qui aime beaucoup se retrouver en famille, partager des bons moments à table et surtout gâter ses cinq petits-enfants, même s’il regrette qu’à notre époque on offre autant de cadeaux. Pendant son enfance, il ne recevait qu’une orange et une brioche à Noël.
Héloïse


On raconte que Daniel s’est marié avec Rose.
On raconte que sans diplôme il a pu être informaticien.
On raconte qu’il était baryton dans sa petite chorale.
On raconte que Rose et lui ont eu quatre enfants.
On raconte qu’il avait l’habitude d’extrapoler.
On raconte qu’il habite à la campagne.
On raconte qu’il était très pratiquant.
On raconte qu’il l’aime.
On raconte la fin.
Esther


Ce que l’on ne sait pas sur Anny est infini. On ignore, par exemple, que lors de la seconde guerre mondiale, elle se cachait dans la réserve de l’épicerie de son père avec son petit frère pour percevoir le moins possible les bruits sourds des obus percutant la ville.
Que cette petite femme apparemment joyeuse, vit toujours avec le deuil de son père, décédé depuis maintenant une vingtaine d’années dans le petit comté bordant l’Alsace.
Que plus tard à Saint-Nazaire, elle est allée voir une exposition de tricots, d’où cette soudaine passion qui lui permet d’étouffer sa peine.
Mélissa

Qui suis-je ? Se demanda tout d’un coup Jacky. Et elle eut l’impression que, dehors le monde ne la regardait plus.
Je suis, se dit Jacky en s’adressant très lentement à elle-même, une pianiste.
Mes yeux sont d’un bleu océan avec un surplus d’eau qui coule.
Je suis quelqu’un qui, de temps à autre, est banale ou glorieuse.
Je suis une jeune femme de grande taille.
Je suis quelqu’un qui a toujours été convaincu qu’elle avait les yeux à la place des doigts.
Je suis quelqu’un qui est assis sur ces marches froides du conservatoire.
Et qui ne pourrait pas être plus triste que maintenant.
Je suis quelqu’un qui est, aujourd’hui heureuse et à la fois malheureuse.
Quelqu’un que les circonstances poussent à devenir une éponge qui inhibe les autres talents.
Et je suis quelqu’un à qui il arrive parfois des moments inoubliables.
Je suis quelqu’un qui n’a pas de racines.
Quelqu’un qui pense que le monde ne l’écoute pas, ne la regarde pas.
Je suis une jeune femme de grande taille qui pense parfois au pire.
Je suis quelqu’un qui, depuis des années, rêve qu’elle sera le futur Beethoven au féminin.
Je suis quelqu’un qui, la nuit, écrit ses plus belles partitions car les étoiles sont pour elle la source de son succès.
Quelqu’un qui maintenant cherche la gloire et la reconnaissance.
Tout ce que je sais, c’est que je m’appelle Jacqueline, plus connu sous le surnom de Jacky et que le piano c’est ma vie.
Roxane